Publicité

Un franchisé sur trois est dans le rouge en Wallonie et à Bruxelles

Si la crise de 2022 a pesé lourd sur les comptes des commerces franchisés, la tendance sur trois ans confirme un recul du chiffre d'affaires et un plongeon des marges. ©Kristof Vadino

Selon l'association des franchisés alimentaires francophones, 35,8% des commerces indépendants ont bouclé l'exercice 2022 en perte. Elle n'attend qu'un léger mieux en 2023.

Plus de 2.600 magasins, 12,3 milliards d'euros de revenus, près de 25.000 équivalents temps plein: en Belgique, le commerce alimentaire franchisé pèse de plus en plus lourd. Avec la franchisation progressive des 128 supermarchés Delhaize, le parc de magasins gérés par des indépendants sera encore plus présent. Les repreneurs auront bien besoin de tous leurs talents de gestionnaires pour ramener un peu de sérénité au sein du personnel et redresser des comptes souvent dans le rouge. À cet égard, les derniers chiffres du secteur ne sont guère rassurants.

15,7%
En 2022, 15,7% des magasins étudiés par l'Aplsia ont publié des fonds propres négatifs, signe avant-coureur de faillite.

Un premier cri d'alarme avait été lancé en octobre dernier par l'Unizo. Les chiffres recueillis auprès de l'Association professionnelle francophone du libre service indépendant en alimentation (Aplsia) assombrissent un peu plus le tableau. Une étude basée sur les comptes de 313 magasins en Wallonie et à Bruxelles révèle que 112 d'entre eux, soit 35,8%, ont bouclé l'exercice 2022 dans le rouge, avec une perte moyenne de 131.000 euros (104.000 euros en 2021) mais pouvant dépasser les 870.000 euros dans le pire des cas.

Publicité

Le nombre de magasins en perte a quasiment doublé par rapport aux deux années précédentes. Le problème est particulièrement aigu dans les Intermarché (56,3% de magasins dans le rouge), les Mestdagh-Intermarché (52%) et les Proxy Delhaize (46,4%). Seuls AD Delhaize (16,1% de magasins en perte) et Carrefour Express (17,9%) sauvent les meubles. Pire: en 2022, 49 des 313 entreprises étudiées, soit 15,7%, ont publié des fonds propres négatifs, signe avant-coureur de faillite.

"Les commerces de franchise naviguent de plus en plus à l'aveugle."

Pascal Niclot
Président de l'Aplsia

Peu d'amélioration en 2023

"Ce n'est pas parce qu'Intermarché claironne un doublement de son chiffre d'affaires que sa rentabilité augmente. Les commerces de franchise naviguent de plus en plus à l'aveugle", résume Pascal Niclot, président de l'Aplsia.

CONSEIL

Osez voir grand pour votre business.

Inscrivez-vous maintenant à la newsletter Yaka!

Envoi hebdomadaire par e-mail - Désinscription en un seul clic

Certes, 2022 a été marquée par une forte poussée d'inflation et par l'envolée des prix de l'énergie. Mais une analyse de l'évolution des résultats d'exploitation sur trois ans confirme un net rétrécissement des marges. Entre 2020 et 2022, celles-ci ont été réduites de plus de moitié, seuls AD Delhaize et Carrefour Market parvenant les à stabiliser.

Rien n'indique, selon l'Aplsia, que le cru 2023 marquera un redressement spectaculaire. Une analyse de 50 magasins ayant un exercice comptable décalé couvrant en partie l'année 2023 laisse penser que le bénéfice d'exploitation moyen restera stable ou ne s'améliorera que légèrement. Un point positif: l’inflation des prix aux producteurs est inférieure à l'index des prix de ventes.

Publicité

"Les contrats de franchise des différentes enseignes vont dans le sens d'une course à celui qui resserrera le plus les boulons."

Pascal Niclot
Président de l'Aplsia

Les "anciens" affiliés Delhaize inquiets

Dans ce contexte pour le moins morose, les magasins affiliés de longue date chez Delhaize voient venir avec inquiétude la perspective d'une révision de leur contrat, l'enseigne au lion souhaitant une harmonisation dans le sens des contrats signés avec les nouveaux affiliés. "Près de la moitié de ceux-ci avaient déjà un magasin Delhaize et ont accepté le nouveau contrat", souligne Roel Dekelver, porte-parole de Delhaize Belgique.

Du côté des franchisés, on ne l'entend pas de cette oreille. "Les nouveaux contrats d'affiliation sont présentés comme plus transparents, mais pour nous ils sont déséquilibrés et plus contraignants", affirme Pascal Niclot. L'association francophone des franchisés de l'alimentaire réclame dès lors des "garanties complémentaires". "Les contrats de franchise des différentes enseignes se ressemblent de plus en plus et vont dans le sens d'une course à celui qui resserrera le plus les boulons", lance Pascal Niclot.

Les pourparlers avec Delhaize se poursuivent, mais les obstacles à surmonter ne manquent pas. Le doublement de la redevance (de 2% à 4% du chiffre d'affaires), présenté par Delhaize comme une simple "intégration" de tous les coûts (transport, marketing...), passe toujours aussi mal. Les franchisés pointent aussi des "redevances de pénalité qui n'existaient pas auparavant".

Autres craintes: le risque d'une "cannibalisation" entre anciens et nouveaux affiliés ouvrant le dimanche (démenti par la maison-mère) et la "concurrence interne" induite par le site de vente en ligne de Delhaize. "Le client 100% e-commerce n'existe pas. Il se rend aussi dans un Proxy ou un AD Delhaize. Au contraire, notre site ne fera que renforcer l'attractivité de la marque et accroître la loyauté du client", rétorque Roel Dekelver.

Une chose est sûre: l'année 2024 devrait être une année de transition. "Pour les nouveaux affiliés, il faudra attendre deux ou trois ans avant de voir comment les choses évoluent", dit le président de l'Aplsia.

Le résumé
  • Selon une étude de l'Aplsia, 35,8% des magasins franchisés wallons et bruxellois ont bouclé l'exercice 2022 dans le rouge, avec une perte moyenne de 131.000 euros.
  • Une analyse de l'évolution des résultats d'exploitation sur 3 ans confirme un net rétrécissement des marges, réduites de plus de moitié entre 2020 et 2022.
  • Dans ce contexte morose, les affiliés de longue date chez Delhaize s'inquiètent de la perspective d'une révision de leur contrat.
  • Les pourparlers avec Delhaize se poursuivent, mais les obstacles à surmonter ne manquent pas.
Publicité
 Jan Remeysen, directeur du site anversois du géant chimique allemand BASF.
BASF Anvers menace d'enterrer son mégaprojet de capture de CO2
Le géant de la chimie BASF exige davantage de soutien public pour son grand projet d’installation de capture de CO2 dans le port d'Anvers.
Messages sponsorisés