Les produits pharmas, nouvelle carte maîtresse de Brussels Airport
L’aéroport bruxellois a enregistré une croissance de 32% du fret pharma en 2018. Une augmentation qui découle des investissements dans des installations adaptées aux produits biopharmaceutiques.
En quelques années, Brussels Airport est devenu un pôle majeur pour le transport et la manutention de produits pharmaceutiques, avec des chiffres de croissance supérieurs à ceux de ses rivaux potentiels ou à ceux du transport cargo en général, selon Arnaud Feist et Catherine Rutten, respectivement CEO de Brussels Airport Company et de pharma.be, l’association de l’industrie du médicament.
"Nous avons quasiment doublé le fret pharma en trois ans."
"Nous avons enregistré une augmentation de 32% du fret pharma en 2018 par rapport à 2017", s’est félicité Arnaud Feist lors d’un entretien avec L’Echo. "C’est quand même une croissance phénoménale. Nous avons quasiment doublé en trois ans pour arriver à environ 37.000 tonnes de fret pharma en 2018. C’est donc une croissance qui se maintient. Et il ne s’agit pas de petits volumes car on ne parle pas d’un bulldozer, mais de médicaments ou de vaccins dans de très nombreuses petites boîtes…".
"Une étude de Deloitte a montré que c’est la Belgique qui a enregistré la croissance la plus importante de 2000 à 2017 du volume de fret pharma via le transport aérien", a ajouté de son côté Catherine Rutten, qui insiste sur les répercussions positives sur l’emploi. Pharma.be estime que chaque emploi du secteur pharmaceutique entraîne la création d’environ 4,6 emplois supplémentaires dans d’autres secteurs.
40 milliards d’euros
Le secret de cette réussite? Avoir misé il y a quelques années sur le dynamisme presque hors norme du secteur du médicament en Belgique. "La Belgique est un pôle pharmaceutique important dans le monde" rappelle la patronne de pharma.be. "Non seulement dans le domaine de la recherche et du développement, mais aussi dans celui de la production. Elle exporte pour une valeur supérieure à 40 milliards d’euros de médicaments et de traitements pharmaceutiques. Cela représente 10,6% du total des exportations belges! La Belgique est le numéro 2 de l’Union européenne en matière d’exportations de produits pharmaceutiques: en chiffres absolus, après l’Allemagne, et après l’Irlande, compte tenu de la taille de la population. Une bonne partie est exportée en avion".
Qui plus est, outre les 32 sites de production, la Belgique compte également pas moins de 10 centres de distribution. Ce qui fait de notre pays un carrefour privilégié pour les exportations de ce type de produits.
Première certification au monde
Ces chiffres impressionnants ont poussé il y a quelques années les responsables du principal aéroport belge à investir dans le segment. "Il y a dix ans, on a défini une stratégie pour nos activités de fret et on a prôné un développement dans certains secteurs que l’on a appelé niches mais qui sont très importants", explique encore Arnaud Feist. "Un de ces secteurs était la pharma, vu l’importance de cette activité en Belgique. Un des points cruciaux était de s’assurer la continuité de la chaîne du froid pour les produits pharmaceutiques, qui sont de haute valeur et très sensibles à la température. Nous avons travaillé en ce sens et nous pouvons offrir à l’industrie pharmaceutique une température constante de A à Z".
Brussels Airport se distingue ainsi au niveau mondial grâce à une infrastructure cargo spécialisée offrant le maintien de la chaîne du froid. La communauté du fret aérien (Air Cargo Belgium), qui rassemble toutes les parties prenantes et entreprises de Brucargo, la division fret de Brussels Airport, est certifiée CEIV depuis 2014. Créé par l’Iata (l’association internationale des compagnies aériennes), ce certificat est destiné à tous les acteurs de la chaîne logistique du fret aérien. Il vise à garantir un standard mondial pour le transport de produits de santé.
"Brussels Airport a été le premier aéroport au monde dont les intervenants de la communauté cargo ont reçu cette certification", note le CEO. "Nous avons défini les standards en la matière, en collaboration avec les acteurs pharmaceutiques. Nous sommes allés les trouver pour leur demander leurs exigences et leurs besoins. Un dialogue fondamental, car on peut avoir le meilleur médicament du monde, cela ne sert à rien s’il arrive gelé ou bouilli… Nous avons aussi beaucoup travaillé avec l’Iata pour la définition de ce nouveau standard. Et après, d’autres aéroports ont suivi." Pour répondre à la demande, toutes ces installations spécifiques seront agrandies dans les années qui viennent.
Brussels Airport a également investi dans une numérisation plus poussée du processus logistique et développé différents produits spécifiques, comme le "Airside pharma transporter", un véhicule frigorifique spécialisé de conception propre. "Cela permet de transporter sur le tarmac tous les produits sans fluctuations de température, tout en la contrôlant en temps réel", relève Arnaud Feist, qui précise qu’"on envisage de le commercialiser".
Plus de 240 destinations
Enfin, autre point fort de la place aéroportuaire bruxelloise: la multiplicité des destinations. Contrairement aux exportations "classiques" belges, dont les trois-quarts prennent la direction des autres pays de l’Union européenne, "la moitié des exportations de produits pharmaceutiques est destinée à des pays extérieurs à l’Union européenne, dont les États-Unis, la Suisse, la Chine. C’est une particularité du secteur pharma", fait observer Catherine Rutten.
"Or, Brussels Airport offre plus de 240 destinations directes", complète Arnaud Feist. "Une partie importante du fret pharma voyage à bord des avions-passagers car on peut facilement le placer dans ces appareils. Ce qui est très différent d’aéroports qui sont plus centrés sur le cargo et qui n’ont que 20 ou 30 destinations. Cela veut dire qu’on peut envoyer des médicaments aux quatre coins du monde avec des vols qui sont souvent quotidiens."
Les plus lus
- 1 Incendie au Sanglier des Ardennes de Marc Coucke (Durbuy): des dizaines de personnes évacuées et des dégâts importants
- 2 France: Michel Barnier recourt au 49.3 malgré la menace de censure
- 3 "Trump fait imploser le dollar, Nvidia deux fois plus gros qu'Apple..." Les 5 prédictions les plus folles de Saxo pour 2025
- 4 En France, la fin annoncée du gouvernement de Michel Barnier
- 5 Le XRP devient la troisième plus grande crypto au monde