70 ou 203 millions? Divergence de vues autour des économies à venir à la RTBF

Un communiqué du groupe Ecolo au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles est passé quasi inaperçu vendredi dernier. Il traite de l'intervention des verts en séance plénière sur le budget 2025 de la Fédération.

On y a épinglé ce chiffre: la RTBF subira quelque 200 millions de pertes cumulées d'ici à la fin de la législature en 2029, suite au gel de l'indexation de sa dotation et à la suppression du bonus annuel de 2% qui lui avait été accordé par l'ex-ministre Ecolo Bénédicte Linard lors de la précédente législature, pour faire face à de nouvelles obligations.

Pourtant, la ministre des Médias, Jacqueline Galant (MR), avait indiqué le 26 novembre en Commission médias du Parlement de la FWB que l'effort total s'élèverait à 70,7 millions. Ceci, sur la base d'une prévision d'inflation de 2,2% en 2025, selon les dernières prévisions du Bureau du plan, et de 1,8% sur le reste de la période. Un chiffre à mettre en balance avec le 1,754 milliard de dotation cumulée du service audiovisuel public sur la période, observe-t-on à son cabinet.

Le député Ecolo Stéphane Hazée a sorti sa calculette. Oui, c'est bien de 200 millions dont la RTBF sera privée sur la période. 203,4 pour être précis. "Ce montant est cumulé sur la législature par rapport à la trajectoire qui découle du contrat de gestion", nous a-t-il indiqué. Voyons cela plus en détail.

Un escalier sans marches

En 2025, et ce, jusqu'en 2029, la dotation annuelle de la RTBF sera plafonnée à 350,8 millions d'euros suite aux mesures d'économie précitées. Sans ces mesures, elle aurait dû avoir 362,6 millions en 2026.

Sur base des chiffres de la ministre, elle aura donc 11,8 millions de moins. En 2026, elle aurait dû avoir environ 376,5 millions, mais elle sera privée de 25,7 millions. En 2027, elle aurait dû bénéficier de 391 millions de dotation, mais elle aura 40,2 millions de moins.

"Et ainsi de suite jusqu'en 2029, soit un manque à gagner total de 203,4 millions", rapporte l’écologiste. "C'est un peu comme un escalier dont on enlèverait les marches", ajoute-t-il de manière imagée. 

Tout autre est la façon de voir du cabinet Galant: "L'économie réalisée par la RTBF doit se calculer sur une base annuelle, y explique-t-on: chaque année, au contraire d'une entreprise privée, la RTBF, en qualité d'OAP (Organisme administratif public, NDLR), établit un budget sur la base d'une dotation annuellement arrêtée. Dès lors, quand on demande à un OAP de procéder à une économie, celle-ci n'impacte que l'année budgétaire concernée et non la suivante, conformément au principe de l'annualité budgétaire."

Un OAP qui devrait économiser, par exemple, dix millions ne pourra pas reporter cet effort en 2026 puisqu'il redémarrera cette année budgétaire sur la base d'une nouvelle dotation. Cette dotation ne sera pas impactée directement par l'économie réalisée l'année précédente, précise le cabinet.

Hausse des coûts

Bref, deux visions bien différentes d'appréhender cette réalité budgétaire qui amènera probablement la RTBF à devoir prendre des décisions difficiles. Durant la période, les salaires continueront d'être indexés et les coûts augmenteront, tout cela dans un contexte de marché publicitaire phagocyté par les Gafam, qui continuera de s'effriter.

Contactée, la RTBF ne souhaite pas faire de commentaires sur la trajectoire budgétaire. "Ce sont des discussions qui se feront avec le conseil d'administration qui vient d'être nommé", répond sa porte-parole.  Ce CA se réunira pour la première fois ce vendredi. Outre son installation formelle, les discussions risquent d'y être animées.