Les revers des biotechs liégeoises ont coûté 25 millions d'euros à Noshaq

Noshaq prévoit des réductions de valeur de son portefeuille de l’ordre de 25 millions d'euros en raison de la disparition ou des difficultés de Mithra, Imcyse et Hyloris, trois sociétés phares du secteur des sciences du vivant, ont indiqué mercredi Gaëtan Servais et Jean-Michel Javaux, le CEO et le président du conseil d'administration du fonds d'investissement liégeois, lors de la présentation des résultats de l'exercice 2023-2024.

Ces revers de fortune, même s'ils touchent des sociétés considérées comme des ex-pépites de la biotechnologie liégeoise, n'ont toutefois rien d'exceptionnels dans la vie d’un fonds, a fait valoir Gaëtan Servais, qui a rappelé la diversification du portefeuille de Noshaq.

"Dans le cas de Mithra, a-t-il souligné, "une politique de vente d’actions et de réduction de l’exposition a permis de mitiger le risque de l’opération, qui résulte dans les faits par une opération neutre pour Noshaq. On assume, sinon on ne fait pas de capital risque, mais juste des prêts". Pour les dirigeants de Noshaq, les sciences de la vie sont devenues malgré ces déboires, un pilier incontournable du redéploiement économique wallon.

"Cet exercice en retrait au niveau comptable ne met pas l’équilibre général du groupe en difficulté" a encore expliqué le patron de l'invest public-privé, en précisant que depuis mi-2021, le groupe avait enregistré un solde positif de 26 millions entre plus-values et moins-values totales.

473 sociétés en portefeuille

Ces contre-performances restent temporisées par l’activité globale du groupe, dont le bénéfice avoisinerait autrement les 10 millions d'euros. Pour l'exercice écoulé, Noshaq fait état d'un montant d’investissements décidés de 173 millions d'euros. Un niveau largement supérieur à la moyenne annuelle des cinq dernières années (130 millions d'euros) et aux deux exercices précédents.

Noshaq a voulu "se positionner de façon contracyclique", selon Gaëtan Servais, "afin de combattre les tendances de fond qui ont un impact direct sur le marché du financement, où l’on observe un ralentissement généralisé des levées de fonds". Le portefeuille de l'ex-Meusinvest compte désormais 473 sociétés, contre 477 à la clôture de l’exercice 2022-2023. Soit un renouvellement de près de 9% en un an.

Le montant élevé des investissements s’explique aussi par l’engagement fort du groupe dans le développement et la poursuite de sa stratégie immobilière, qui représente 42% des décisions totales au cours de l’exercice. "Il s'agit d'une réalité particulièrement tangible à Liège, où le groupe s’est imposé comme un pionnier de la revitalisation urbaine de l’hypercentre, avec l’arrivée de chantiers emblématiques tels que l’îlot Madeleine, la Grand Poste, ou la rénovation du Fiacre, mais aussi dans toute la province, où le groupe a multiplié les initiatives comme à Verviers ou à Huy" a insisté, de son côté, Jean-Michel Javaux.

Notons que le mandat de président de Jean-Michel Javaux a été renouvelé, la semaine passée, par le Gouvernement wallon, qui a procédé à la nomination de nouveaux administrateurs publics à la tête du groupe.

Un nouveau projet biotech appelé "Giga Park"

Signe de cette double confiance dans l'immobilier et la biotechnologie, Gaëtan Servais a dévoilé l'un des futurs projets emblématiques qui est en train d'être ficelé par ses équipes: la construction d'un second pôle des sciences du vivant en région liégeoise, qui viendra compléter le LégiaPark, dont les 30.000 m² se remplissent à un rythme régulier.

Appelé Giga Park, ce projet de 14.300 m² mené en partenariat avec l’ULiège, le CHU de Liège et Wallonie Santé, sera situé à côté de l'hôpital universitaire. Il sera plus spécialement dédié aux sociétés de biotechnologie qui sont encore à un stade de développement précoce.