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L'oiseau Twitter aurait-il enfin trouvé son nouveau nid?

©REUTERS

Après des revirements à la pelle, la vente de Twitter à Elon Musk semble enfin se préciser. Retour en cinq grandes questions sur cette saga qui passionne la Silicon Valley depuis le mois d'avril.

Oui. Non. Peut-être. Certainement pas. À négocier. Et désormais: bon, d'accord. En très simplifié, voilà comment on pourrait résumer ce qui se passe dans la tête de Musk, lorsqu'on lui demande s'il compte acheter Twitter. Depuis des semaines, le rachat du célèbre réseau social par l'entrepreneur de génie est devenu une véritable saga. Retour en cinq questions sur ce dossier qui dure depuis des mois et qui pourrait enfin trouver une issue.

1. Finalement, accord ou pas?

Le dernier épisode de la série à suspens est tombé ce mardi. Les avocats d'Elon Musk ont fait savoir au gendarme boursier américain que, finalement, leur client "entend conclure la transaction envisagée par l'accord de rachat du 25 avril 2022". Sa première offre donc, à 54,20 dollars par action, soit une facture totale de 44 milliards de dollars. Ce nouveau revirement arrive deux semaines avant l'ouverture du procès prévu entre le milliardaire et Twitter, suite à son changement d'avis de juillet dernier. Si Twitter accepte l'offre, ce qui est très probable, le procès n'aura pas lieu et la vente sera officiellement actée.

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2. Pourquoi de tels revirements?

Durant l'été, Elon Musk était revenu sur sa proposition initiale d'achat, expliquant notamment avoir été floué par Twitter sur le nombre de faux comptes, une donnée essentielle dans la valorisation de la société. L'entreprise, qui n'était clairement pas du même avis, était bien décidée à conclure la vente et a attaqué l'entrepreneur en justice pour le contraindre à honorer l'accord initial. Cet énième changement de posture de Musk de ce mardi s'explique par l'arrivée du procès et la probabilité que le juge donne raison à Twitter. Pour bon nombre de spécialistes, les chances d'un tel dénouement sont grandes. La note serait alors très salée pour Musk. L'homme préfère donc revenir sur ses pas et s'assurer cette meilleure porte de sortie.

3. Au final, pourquoi acheter Twitter?

Avec ses voitures électriques, ses fusées ou même désormais ses robots humanoïdes, Elon Musk est un habitué de l'entrepreneuriat. Ces derniers temps, il le préfère toutefois dans le très concret et la production pure. Si Twitter n'est donc pas vraiment son terrain de jeu habituel, comme pour toutes ses entreprises, il a de très grandes ambitions. Après avoir précisé vouloir en faire un espace d'expression le plus libre possible, son idée, nommée pour le moment "X", serait désormais d'en faire aussi un WeChat américain. L'application de Tencent s'est fait connaitre du grand public chinois pour son service de messagerie, qui rappelle WhatsApp (jusque dans son logo). Sauf qu'en quelques années, l'application est devenue indispensable pour des centaines de millions d'utilisateurs.

Aujourd'hui, il est difficile de faire sans en Chine, même pour les visiteurs qui doivent se passer des indispensables applications habituelles (Uber, Meta, Skype…). Au fil du temps, les services directement intégrés au sein de WeChat se sont multipliés. Avec l'app, il est possible d'effectuer des versements entre particuliers, payer dans la plupart des commerces, commander un taxi, payer ses factures, réserver ses tickets d'avion, de train, de cinéma... Musk verrait bien Twitter devenir ce même couteau suisse pour le reste de la planète.

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4. Quel modèle économique pour Twitter?

Au-delà des services complémentaires, selon Musk, c'est l'ensemble de l'application qui a besoin d'une refonte. Il a, à plusieurs reprises, émis des doutes sur le business model de l'application. Lancée en 2013, elle n'est jamais parvenue à être rentable à l'exception des années 2018 et 2019. Plusieurs pistes sont à creuser, comme une diminution des coûts, une refonte du modèle payant et un élargissement du nombre d'utilisateurs. Avec environ 300 millions de comptes actifs, Twitter est bien loin des Instagram ou Facebook qui ont depuis des années passé le cap du milliard d'utilisateurs. Elon Musk a néanmoins annoncé à plusieurs reprises que la rentabilité n'était pas sa priorité pour le réseau social. Bien que le groupe soit hyper visible, il reste un nain comparé aux plus belles réussites de la Silicon Valley et encore plus face aux autres réseaux sociaux. Aujourd'hui, Twitter compte 7.500 travailleurs pour un chiffre d'affaires autour des cinq milliards de dollars. Deux données globalement comparables à une entreprise de la taille de Proximus par exemple.

Elon Musk a, à plusieurs reprises, émis des doutes sur le business model de l'application.

5. Faut-il s'inquiéter d'un tel rachat?

Si la volonté de Musk n'est pas de faire de Twitter un produit hyper rentable, il peut donc se permettre plus de liberté dans sa stratégie. Comme celle de lâcher un peu de lest du côté de la modération des contenus. Actuellement, par rapport aux marques de Meta, le réseau social est déjà beaucoup moins strict. Il pourrait encore aller plus loin. C'est du moins ce que laisse régulièrement entendre Elon Musk. Le patron qui se présente comme un libertarien, partisan du laisser-faire, avec le moins de règles possible. De quoi ravir le clan Trump. Elon Musk pourrait surtout faire de Twitter sa boîte de communication personnelle, favorisant les discours allant dans son sens. Il n'est pas rare que l'homme passe déjà directement par Twitter pour les grandes annonces concernant ses entreprises. Certains médias rappellent toutefois que si Musk n'est pas avare en blagues douteuses, messages proches du délit d'initié ou accusations non fondées, il n'est pas toujours aussi ouvert d'esprit lorsque les attaques concernent sa personne. Un ancien travailleur, un jeune activiste qui voulait diffuser les trajets de son jet privé ou un proche de Bill Clinton qui dénonçait les conditions de travail chez Tesla ont tous été attaqués, d'une manière ou d'une autre (compte bloqué, poursuites, tentative de censure…) par l'entrepreneur.

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