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"Les investisseurs doivent surveiller le marché obligataire"

Frank Vranken, chief investment officer chez Puilaetco, estime que la remontée des taux - "énorme en termes relatifs mais très faible en termes absolus" - est à surveiller. "En particulier pour les actifs à duration longue". ©REUTERS

Les rendements obligataires remontent depuis plusieurs semaines. S'il n'y a pas de signe d'affolement, cela pourrait tout de même impacter les attentes bénéficiaires pour certains secteurs.

À force de parler de GameStop, de bitcoin, etc. on en oublierait presque qu'il se passe également des choses intéressantes autour d'autres classes d'actifs. De plus en plus d'observateurs tentent ainsi d'attirer le regard du public sur le marché obligataire.

2%
Le taux américain à 30 ans a franchi la barre symbolique de 2% pour la première fois en un an. En Europe, le taux allemand à 30 ans est repassé en territoire positif.

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Aux États-Unis par exemple, le taux à 10 ans évolue actuellement autour de 1,3% contre 1% en début d'année ou 0,5% en août. Le 30 ans est même passé au-dessus de la barre symbolique de 2% depuis vendredi dernier. Ce qui représente son plus haut niveau en un an.

"La partie courte de la courbe n’a pas bougé, les taux sont même un rien plus bas, et la hausse commence à partir du 3 ans. Cela reflète bien le sentiment que la Réserve fédérale (Fed) va garder ses taux bas pendant encore une longue période", constate Bernard Keppenne, chief economist chez CBC Banque, dans un post publié sur son blog mercredi. "En revanche, le programme de rachats d’actifs de 120 milliards de dollars par mois pourrait bien se terminer plus vite si la reprise s’accélère, ce qui explique cette remontée des taux longs."

Une tendance imitée en Europe

Et en Europe? Le Bund allemand à 10 ans - considéré comme la référence dans la zone euro - est remonté jusqu'à -0,33% en milieu de séance avant de stabiliser autour de -0,37%. Rappelons qu'il évoluait encore à -0,6% en début d'année.

"La pentification de la courbe est cependant nettement moins marquée en Europe. Et c’est assez logique car la Banque centrale européenne (BCE) n’est pas prête à abandonner son programme de rachats d’actifs qui court jusqu’en mars 2022."

Bernard Keppenne
Chief economist chez CBC Banque

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"La pentification de la courbe est cependant nettement moins marquée", note l’économiste. "Et c’est assez logique car la Banque centrale européenne (BCE) n’est pas prête à abandonner son programme de rachats d’actifs qui court jusqu’en mars 2022."

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a confirmé la semaine dernière lors d'un discours devant le Parlement européen que son institution maintiendrait sa politique monétaire très accommodante malgré le retour de l'inflation en territoire positif cette année. Selon elle, le rebond plus important que prévu des prix - le taux d'inflation a atteint 0,9% sur un an en janvier contre 0,5% attendu par les économistes - cache en réalité une faible dynamique sous-jacente.

Gare aux valorisations!

Quid des perspectives? Nicolas Forest, responsable de la gestion obligataire chez Candriam, estime que cette remontée des taux va se poursuivre à court terme, au moins jusqu'à l'été. Il évoque un "cocktail explosif" de facteurs positifs: anticipations de la fin de la pandémie, croissance économique forte attendue pour 2021, rebond de l'inflation et soutien massif des gouvernements et banques centrales.

"Au fil du temps, la montée progressive mais régulière [des taux] commencera à se faire sentir dans les valorisations, car dans le ratio cours/bénéfice, la composante 'bénéfices' commencera à baisser. Les investisseurs doivent donc garder un œil attentif sur le marché obligataire."

Frank Vranken
chief investment officer chez Puilaetco

Ce qui se passe sur le marché obligataire offre, selon lui, un "environnement plutôt favorable pour les investisseurs". "La remontée des taux est bon pour le secteur bancaire. Cela signifie également un retour de la consommation".

De son côté, Frank Vranken, chief investment officer chez Puilaetco, estime que ce phénomène - "énorme en termes relatifs mais très faible en termes absolus" - est à surveiller. "En particulier pour les actifs à duration longue, c’est-à-dire les actifs dont l’essentiel des flux de trésorerie est attendu à long terme", explique-t-il dans une note publiée mercredi matin. "Par exemple, pour des liquidités attendues dans les 10 ans, une remontée des taux de 1% à 1,3% a un impact négatif de 3%".

Sont généralement concernés les secteurs des utilities, de la santé, de la technologie et de la consommation de base. "Au fil du temps, la montée progressive mais régulière [des taux] commencera à se faire sentir dans les valorisations, car dans le ratio cours/bénéfice, la composante 'bénéfices' commencera à baisser. Les investisseurs doivent donc garder un œil attentif sur le marché obligataire."

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