Une hausse des taux, le risque qu'on ne veut pas voir
Les taux d'intérêt progressent lentement mais sûrement. Jusqu'où?
Depuis la mi-décembre environ, les taux d'intérêt sont orientés à la hausse dans la zone euro. L'air de rien, depuis lors, le taux des obligations gouvernementales belges qui arrivent à échéance dans dix ans a grimpé de 30 points de base, c'est-à-dire 0,3 point de pourcentage. Ça ne paraît pas grand-chose, mais dans l'environnement financier actuel, ça fait tout de même déjà une belle différence. Et rien ne dit que ce mouvement, qui concerne d'ailleurs aussi les autres pays de la zone euro, est terminé.
C'est que l'inflation est attendue en hausse dans les prochains mois et même les prochaines semaines. Une hausse des prix, ça signifie une dépréciation de l'argent. Et pour compenser cette dépréciation, ceux qui empruntent, comme les États, par exemple, doivent payer un peu plus d'intérêts pour attirer les prêteurs.
Beaucoup d'économistes rassurent: la Banque centrale européenne (BCE) n'aurait pas l'intention de laisser les taux monter. Toutefois, l'objectif de la BCE est surtout d'éviter que les taux des différents pays de la zone euro s'écartent trop les uns des autres, pour éviter la spéculation contre un ou l'autre pays moins bien loti financièrement. Mais si le taux de référence, qui est celui de l'Allemagne actuellement, grimpe sous l'effet d'une accélération de l'inflation, la BCE va-t-elle injecter des milliers de milliards d'euros supplémentaires pour contrer cet ajustement normal des marchés? Nous ne le pensons pas.
Si demain, on trouve à nouveau un peu de rendement sans risque sur le marché obligataire, certains détenteurs d'actions ne vont-ils pas être tentés de sécuriser leur plus-value et de se réfugier dans les obligations?
Alors, certes, avec des taux encore négatifs pour beaucoup d'échéances, la récente petite montée des taux n'a rien de catastrophique. Mais si la tendance continue, attention tout de même aux conséquences, même si elles sont temporaires. Plusieurs marchés boursiers ont atteint des records récemment parce que, pour trouver du rendement, il n'y avait pas d'autre alternative que les actions. Mais quid si demain, on trouve à nouveau un peu de rendement sans risque sur le marché des obligations? Certains détenteurs d'actions ne vont-ils pas être tentés de sécuriser leur plus-value et de se réfugier dans ces placements à revenus fixes?
Sur le marché immobilier, les experts ne citent même plus une possible montée des taux parmi les risques à surveiller, comme si les taux bas étaient un postulat immuable. Pourtant, une hausse d'un point de pourcentage réduit la capacité d'emprunt des ménages de 5%. Et on connaît l'effet d'une baisse de la demande sur les prix. Dont la surévaluation a doublé l'an dernier, selon la Banque nationale...
Surveiller la hausse des taux a donc bien du sens actuellement.
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