Twitter perd des plumes après la volte-face de Musk

C’est une saga complètement folle. Après moult rebondissements, Elon Musk a finalement indiqué, vendredi dernier, qu'il renonçait à racheter Twitter pour 44 milliards de dollars. Une annonce qui a fait réagir le titre de l'entreprise, ce lundi, à Wall Street. L'action Twitter chutait ainsi de plus de 11% vers 22h, effaçant, au passage, plus de trois milliards de dollars de capitalisation. De son côté, Tesla , dont Musk est le patron, perdait 6,6%.

Cet énième épisode marque le début d'une bataille juridique entre le réseau social et le milliardaire, dont le dénouement reste incertain. Rappelons que les deux parties se sont engagées à verser une indemnité de rupture pouvant aller jusqu'à un milliard de dollars. Ce genre de contrat est justement "conçu pour empêcher les acheteurs de paniquer et de décider de se retirer", rappelle Ann Lipton, professeure de droit à la Tulane University. Le patron de Tesla a évoqué plusieurs arguments pour justifier son retrait. Notamment en ligne de mire: les spams et les faux comptes, dont le conseil d'administration de Twitter aurait minimisé le nombre. Les experts juridiques se demandent toutefois si les motifs avancés par Musk seront suffisants. D'autant qu'il pourrait s'agir d'une ruse de sa part.

Dégringolade en bourse

Ainsi, si Elon Musk met l'accent sur les "comptes robots", Jefferies souligne que "les intentions de Musk de mettre fin à la fusion sont plus basées sur la récente liquidation du marché". En réalité, le milliardaire pourrait chercher à renégocier le prix d'achat à la baisse, alors que l'action Twitter évolue autour des 33 dollars, soit très loin des 54,20 dollars proposés par Musk. Une tactique auparavant utilisée par LVMH, qui avait d'abord rompu ses fiançailles avec Tiffany, avant d'obtenir un rabais.

Pourtant, tout avait bien commencé entre Musk et l'action Twitter. Au début, la prise de participation du milliardaire dans l'entreprise et l'offre de rachat avaient dopé le titre en bourse. Mais depuis le feu vert de Twitter, le 25 avril dernier, l'action a progressivement chuté, les investisseurs spéculant sur le fait que Musk pourrait se retirer de l'accord. Entre le jour où Twitter a accepté l'offre et la clôture de vendredi dernier, le titre a ainsi perdu environ 30%. Notons, toutefois, que Twitter n'était en baisse "que" de 15% entre le début de l'année et la clôture de vendredi. Durant cette période, l'entreprise a moins cédé que le Nasdaq 100, les groupes technologiques étant fortement impactés par les politiques plus strictes des banques centrales. Les analystes semblent néanmoins d'accord: l'échec de l'opération serait une mauvaise nouvelle pour l'action.

Sous les 30 dollars?

Pour Wedbush, qui abaisse son objectif de cours de 43 à 30 dollars, il s'agit même du "scénario catastrophe" pour l'entreprise à l'oiseau bleu. Des propos qui font écho à ceux de Jefferies, qui ne serait pas surpris de voir l'action tomber à 23,50 dollars, en l'absence d'accord. Pour le courtier, l'attention se tourne désormais vers "les fondamentaux (de Twitter), qui ont été ébranlés par ce processus, et les vents contraires auxquels est confronté le secteur de la publicité en ligne".

Truist Securities estime, pour sa part, que l'action pourrait se négocier "dans les hauts 20 dollars" en cas de non-accord. Il souligne toutefois qu'un scénario dans lequel Musk mettrait fin à la transaction et s'en sortirait indemne est "hautement improbable". Ainsi, pour des analystes de Bloomberg Intelligence, Twitter pourrait en profiter pour attirer une offre concurrente. À force de jouer avec le feu, Elon Musk finira-t-il par se brûler les ailes?