Wall Street parie sur de nouveaux sommets du dollar en 2025

Les banques et les stratèges divergent quant à l'évolution future de la toute-puissante devise américaine sous l’effet des politiques de Donald Trump et de la Réserve fédérale. Mais tous s'accordent pour dire que le dollar continuera sa folle ascension l'an prochain.

Le billet vert a effectivement bénéficié d’une hausse fulgurante ces derniers mois, enregistrant son meilleur trimestre depuis 2015, notamment grâce à la victoire électorale de Trump. Depuis octobre, le billet vert a gagné 6,2%, et certaines grandes banques comme Deutsche Bank anticipent une parité avec l’euro en 2025, contre 1,05 dollar actuellement. Goldman Sachs, Morgan Stanley, et UBS projettent également une poursuite de cette tendance haussière, soutenue par les réductions d’impôts, les tarifs douaniers, et une inflation anticipée qui pousserait la Fed à maintenir des taux élevés à plus long terme.

La rhétorique de Trump en faveur d’un dollar plus faible, censé soutenir l’industrie américaine, se heurte ici à la réalité économique. Son programme inflationniste, avec des baisses d’impôts et des droits de douane élevés, rend en effet difficile toute dévaluation.

Ajay Rajadhyaksha, de Barclays, prévoit ainsi un renforcement modéré du dollar à 1,04 face à l’euro d’ici fin 2025, tandis que Wells Fargo table sur une appréciation de 5 à 6% contre les devises du G10. Cette dynamique pourrait encore attirer les capitaux étrangers vers les actifs américains, alimentée par des différentiels de taux d’intérêt favorables au billet vert.

Des signaux d’essoufflement et un retournement possible

Malgré cette envolée, plusieurs institutions, dont Morgan Stanley et Société Générale, prévoient un affaiblissement progressif du dollar à partir de mi-2025. Société Générale estime une baisse de 6% de l’indice ICE US Dollar d’ici fin 2025, liée à une potentielle baisse des taux et à une reprise économique mondiale plus équilibrée.

L'analyste de la banque française Kit Juckes qualifie de son côté la force actuelle du dollar de "non soutenable à long terme", tandis que Sophia Drossos (CFR) note que toute amélioration économique hors des États-Unis, notamment en Europe, pourrait affaiblir la monnaie américaine.

Certaines banques comme Wells Fargo restent toutefois convaincues que les politiques monétaires globales continueront de soutenir la monnaie américaine. Tous les regards se tournent désormais vers le discours du président de la Fed Jerome Powell attendu ce mercredi, qui devrait décider de baisser les taux directeurs de 25 points de base, histoire d'y voir plus clair pour 2025...