Édito | L’euro, c’est notre monnaie et... notre problème

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En poursuivant ses baisses de taux, la Banque centrale européenne s'écarte du chemin emprunté par la Réserve fédérale américaine. Une divergence qui pèse sur l'euro face au dollar, ce qui n'est peut-être pas de bon augure dans le contexte actuel.

"Le processus de désinflation est en bonne voie." C’est par cette phrase reprise dans le communiqué de la Banque centrale européenne (BCE) que sa présidente Christine Lagarde a justifié la nouvelle baisse de taux de 0,25% actée ce jeudi par l’institution. Que la hausse des prix soit enfin contenue est évidemment rassurant, tout autant que la décision qui en découle. Ce nouvel assouplissement monétaire devrait, en effet, donner une bouffée d’oxygène supplémentaire à des acteurs économiques qui en ont bien besoin, à l’heure où la croissance stagne en zone euro.

Ce qui est moins rassurant, en revanche, c’est qu’avec cette cinquième baisse de taux, la BCE prend un chemin différent de celui de sa consœur, la Réserve fédérale américaine, qui a de son côté décidé de marquer une pause la veille. Le tableau économique est, il faut le dire, tout autre aux États-Unis, puisque la croissance y est davantage au rendez-vous, alors que l’inflation semble bien plus difficile à maîtriser.

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La BCE ne peut être la seule à tenir la barre du navire. La Commission et les États membres seraient bien avisés d’apporter, eux aussi, leur contribution à l’effort, en relançant pour de bon la compétitivité et la croissance en zone euro.

L'euro en souffrance

Le problème de cette divergence monétaire, sans doute appelée à se renforcer, c’est qu’elle pèse lourdement sur l’euro, désormais proche de la parité avec le dollar. Certains rétorqueront qu’un euro faible est de nature à favoriser nos exportations, mais celles-ci pourraient aussi fortement souffrir de ces hausses de tarifs douaniers agitées par Donald Trump, sans parler d’une guerre commerciale à l’échelle mondiale.

Plus encore, cet affaiblissement de la monnaie unique face au billet vert fait planer le risque de ce qu’on appelle "l’inflation importée". Car ce ne sont pas seulement les produits et services américains qui sont libellés en dollar, mais la plupart des matières premières dont nous sommes largement dépendants, en particulier celles liées à l’énergie, telles que le pétrole.

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Cet état de fait avait d’ailleurs été bien résumé au début des années septante par John Connally, alors secrétaire au Trésor au sein de l’administration du président Richard Nixon. Face aux inquiétudes des Européens à l’égard des fluctuations du billet vert, il avait sèchement déclaré: "Le dollar, c’est notre monnaie, mais c’est votre problème".

L’euro, qui n’existait pas encore à cette époque, est aujourd’hui notre monnaie et notre problème, mais la BCE ne peut être la seule à tenir la barre du navire. La Commission et les États membres seraient bien avisés d’apporter, eux aussi, leur contribution à l’effort, en relançant pour de bon la compétitivité et la croissance en zone euro, ce qui donnerait une certaine marge de manœuvre. Face à la tempête qui s’annonce, il est moins une...

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