Edito | Les deux moteurs européens désormais dans les cordes démocratiques

Rédacteur en chef adjoint

L’Allemagne et la France testent les dernières limites de leur démocratie. Une situation inquiétante pour les deux poids lourds économiques de l’Europe.

Le rejet de partis extrémistes, voire anti-démocratiques, pousse-t-il les partis traditionnels à flirter avec les limites de la démocratie? Question choc, évidemment. Mais question que posent plus que jamais les résultats électoraux des deux plus grosses économies de la zone euro, la France et l’Allemagne.

Lors des législatives, plus de dix millions de Français ont voté pour le Rassemblement national et ses alliés. Soit 3 millions de plus que le Nouveau front populaire, qui n’a pu l’emporter en nombre de députés qu’en raison du barrage républicain.

Publicité

En Allemagne, l’AfD, parti anti-migrants, eurosceptique et pro-Poutine a fait une percée historique, le positionnant premier en Thuringe, talonnant les conservateurs de la CDU en Saxe et se profilant en force pour la prochaine élection dans le Brandebourg. Une performance brune dans ces 3 länder de l’ancienne RDA qui ne peut éclipser celle d’un néo-parti d’extrême-gauche, le BSW, porté par une ancienne communiste tout aussi pro-Kremlin, commuée en "Mélenchon allemande".

Cordon sanitaire! brandissent le chancelier Olaf Scholz et le parti présidentiel d’Emmanuel Macron, grands perdants de ces élections. Oui, cordon, mais combien de temps une démocratie peut-elle fonctionner avec un plébiscite aussi flagrant pour les partis extrêmes?

Avec ces mastodontes infréquentables en embuscade, la cohabitation forcée pousse à la paralysie comme le montrent la sclérose du gouvernement allemand, le marasme français et, chez nous, le pénible chapitre de la coalition Vivaldi.

Car un cordon sanitaire n’est pas un rempart en béton armé. En Thuringe, avec ses 32,8% de voix, l’AfD dispose désormais d’une "sperrminorität", une minorité de blocage. Le parti peut empêcher l’élection de juges à la Cour constitutionnelle du land, refuser la dissolution du parlement régional ou verrouiller les candidatures pour des postes officiels notamment dans la sécurité. Vous aviez dit cordon sanitaire?

L’autre risque est l’exiguïté toujours plus importante de l’espace démocratique. Avec ces mastodontes infréquentables en embuscade, les marges de manœuvre des partis traditionnels se réduisent et la cohabitation forcée pousse à la paralysie comme le montrent la sclérose du gouvernement allemand, le marasme français et, chez nous, le pénible chapitre de la coalition Vivaldi.

Alors, que reste-t-il face à la montée insolente des extrêmes? Leur participation au pouvoir à l’instar de l’Italie? Non. Il nous faut une politique responsable, véritable préoccupation du bien public et de la société, à hauteur des enjeux et loin des bagarres partisanes dont nous ne pouvons plus nous payer le luxe. C’est ce que nous voudrions pour la formation politique en devenir dans notre pays. C’est aussi ce que nous souhaitons de mieux pour ces deux énormes économies, l’Allemagne et la France, qui sont, rappelons-le, nos principaux partenaires commerciaux.

Publicité
Publicité
D'ici fin avril, la Belgique doit démontrer les mesures politiques prises pour réduire son déficit budgétaire. Le temps presse pour les négociateurs de l'Arizona.
L'Europe accorde sous conditions un sursis à la Belgique pour son budget
L’Union européenne a fixé à fin avril la date limite pour que la Belgique présente un plan budgétaire sur sept ans. Notre pays devra aussi montrer des avancées sur certaines réformes.
Messages sponsorisés