Édito | Pour sauver l'Europe du naufrage, von der Leyen II devra convaincre

Journaliste, Europe et International

La nouvelle Commission européenne a été adoubée de justesse par le Parlement. La coalition qui, demain, gouvernera l'Europe est fragile et menacée par l’extrême droite. Pour sauver l’Union européenne du naufrage, von der Leyen II devra innover et convaincre.

Il s'en est fallu de peu pour que la nouvelle Commission soit recalée par le Parlement européen. Sans le soutien de Verts européens et de conservateurs du groupe ECR, la coalition centriste, construite par Ursula von der Leyen, n'obtenait pas la majorité. La victoire est modeste. Le score de 370 voix en faveur de von der Leyen II est le plus bas de l'histoire. Le vote a été gagné à 25 voix près. Sur une assemblée de 720 députés, c'est peu.

Comment en est-on arrivé là? Lors des élections, une vague populiste, nourrie par la pandémie, la guerre en Ukraine, la crise économique, et une solide dose de désinformation, a rompu, tel un brise-glace, le fragile équilibre démocratique européen. La majorité formée en 2019 par les démocrates chrétiens, les socialistes et les libéraux, forte de 444 élus, a fondu comme neige au soleil.

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L'extrême droite a pris le pouvoir dans plusieurs États européens, imposant deux commissaires dans la nouvelle Commission, dont un vice-président, Raffaele Fitto, membre de Fratelli d'Italia, le parti qui arbore la flamme de Mussolini.

Les députés belges ont refusé de soutenir von der Leyen II en raison de la désignation de Fitto. Ils ont eu le courage de rappeler que l'Union européenne a été créée pour que, plus jamais, les partis liberticides et ultranationalistes ne mettent l'Europe en danger.

La Commission von der Leyen II va devoir reprendre en main le gouvernail de l'Europe pour créer de nouveaux projets dans lesquels les Européens se reconnaîtront, et qu'ils comprendront.

La démocratie européenne en danger

La nouvelle Commission a remporté le vote en ralliant les forces progressistes et conservatrices, en échange d'un marchandage: soutenir le Pacte vert, pour amadouer les Verts, et durcir la politique migratoire, pour convaincre l'ECR. L'exécutif européen est sauvé. Mais pour un temps, car cette "majorité élastique" est fragile.

La démocratie européenne est en danger. L'ennui, c'est que la plupart des citoyens l'ignorent. Si peu de gens connaissent les institutions européennes, pourtant à l'origine de plus de la moitié des actes législatifs les touchant directement.

Pour inverser cette tendance, il va falloir innover. La Commission von der Leyen II va devoir reprendre en main le gouvernail de l'Europe pour créer de nouveaux projets dans lesquels les Européens se reconnaîtront, et qu'ils comprendront.

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Relancer la compétitivité, ce qui signifie financer les entreprises et les initiatives innovantes. Soutenir les secteurs en difficulté, comme l'agriculture, réduire le coût de l'énergie et développer l'économie décarbonée. Protéger les citoyens, pour faire reculer l'insécurité qui nourrit l'extrême droite. Lutter contre la désinformation pratiquée par les puissances illibérales, comme la Russie ou la Chine.

C'est à ce prix que l'Europe renouera avec son projet initial. La Commission von der Leyen II a reçu la confiance. Elle doit maintenant convaincre.

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