Revue de presse | L'Europe libre est au bord du précipice
Revue de presse du quotidien néerlandais De Volkskrant.
Avec des ambitions s'étendant du Canada au canal de Panama, en passant par le Groenland, les ambitions de Donald Trump ne manquent pas d'audace. Les dirigeants européens, quant à eux, choisissent de réagir avec prudence à ces revendications inattendues, estimant que la confrontation ne servirait pas leurs intérêts.
Il est cependant indéniable que l'ère Trump II accélère une réorganisation internationale déjà en cours depuis un certain temps.
Ce ne sont donc ni les Chinois ni les Russes qui mettent fin à la Pax Americana, mais bien les États-Unis eux-mêmes. L'ordre international, basé sur des institutions multilatérales et leurs règles, demeure en place, mais n'est plus soutenu par la puissance américaine.
La politique de Donald Trump a des répercussions majeures pour des pays européens qui ont bénéficié de la sécurité et de la prospérité d'après-guerre grâce à cet ordre américain. L'intégration européenne, elle-même, n'a été possible que sous l'égide de la puissance américaine.
Les Européens deviennent désormais les principaux défenseurs de l'ordre multilatéral, mais sont-ils suffisamment unis et forts? Le risque de fragmentation accrue est tout aussi présent.
La réponse à cette situation commence par un sentiment d'urgence, un leadership fort et la volonté de penser différemment. Cela fait actuellement défaut.
Se préoccuper de l'Ukraine, plus que du Groenland
Pour l'Ukraine, les premières déclarations de Donald Trump sont un choc. Le président russe Vladimir Poutine voit arriver un allié idéologique qui apprécie les sphères d'influence. Ce n'est donc pas tant le Groenland, mais bien l'Ukraine qui doit nous préoccuper.
Idéalement, des nations européennes unies combleraient le vide par des investissements massifs dans la défense et un soutien substantiel à l'Ukraine. C’est toutefois loin d'être acquis.
L'Europe libre est au bord du précipice. La réponse à cette situation commence par un sentiment d'urgence, un leadership fort et la volonté de penser différemment. Cela fait actuellement défaut, alors que certains cherchent déjà des solutions faciles, au détriment de l'Ukraine.
Les pays européens qui perçoivent la menace, qu'ils soient membres ou non de l'Union européenne, doivent rechercher activement des partenariats ad hoc avec des nations partageant les mêmes valeurs. L'Otan peut jouer un rôle clé, car ses pays investissent déjà davantage dans la défense, conformément aux attentes de Donald Trump.
Si, cette année, les forces de fragmentation qui traversent l'Europe venaient à triompher, nous pourrions sombrer brutalement dans les travers de l'Histoire.
Une approche pragmatique
Le défi consiste à respecter les principes fondamentaux du droit international, tout en adoptant une approche pragmatique face au "transactionnalisme" de Donald Trump. C'est possible, car malgré la rhétorique du président américain, il existe de nombreux intérêts communs.
L'Otan, aujourd'hui plus active que jamais, reste un outil crucial pour faire face à cette crise de sécurité urgente. Cela nécessite toutefois que les alliés européens redoublent d'efforts et facilitent – là où c'est possible – une réduction du rôle américain.
L'enjeu est de taille. Si, cette année, les forces de fragmentation qui traversent l'Europe venaient à triompher, nous pourrions sombrer brutalement dans les travers de l'Histoire.
Ce commentaire publié dans de Volkskrant a été traduit et résumé par nos soins.
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