Les marchés soulagés par la nomination de Scott Bessent au Trésor américain
Les marchés d'actions sont globalement rassurés par la nomination de Scott Bessent comme secrétaire américain au Trésor. Un choix qui plombe le dollar et les taux US.
Les investisseurs européens ont poussé un "ouf" de soulagement, à l'ouverture ce lundi. Pour cause: Donald Trump a nommé Scott Bessent au poste-clé de secrétaire au Trésor, vendredi soir. Un choix perçu comme mesuré, l'homme devant injecter plus de stabilité dans l'économie et les marchés financiers américains.
Par conséquent, l'indice paneuropéen Stoxx 600 a ouvert sur une hausse de 0,5%, avant d'abandonner une partie de ses gains. Les bourses asiatiques ont aussi globalement bien pris la nouvelle, tandis que de l'autre côté de l'Atlantique, les marchés américains ont ouvert solidement dans le vert.
D'un point de vue sectoriel, les géants de luxe comme Kering ou Hermès tirent particulièrement leur épingle du jeu à la Bourse de Paris. Ces entreprises, qui ont besoin d'une forte demande de la part des marchés émergents, profitent de la hausse des bourses asiatiques.
"Il apporte à l'administration ce sens du gradualisme, par opposition à l'approche 'big bang' qui consiste à apporter de grands changements politiques."
Un enthousiasme motivé par le fait que les investisseurs s'attendent à ce que Scott Bessent donne la priorité à la stabilité de l'économie et des marchés, même s'il a déjà prévenu qu'il soutiendrait les projets de tarifs douaniers et de réductions d'impôts du président fraîchement élu. Cette nomination apaise donc les inquiétudes concernant les politiques protectionnistes du nouveau président. Un isolationnisme qui risque, selon certains, d'attiser l'inflation aux États-Unis, d'aggraver les tensions commerciales et d'amplifier la volatilité des marchés.
"Il apporte à l'administration ce sens du gradualisme, par opposition à l'approche 'big bang' qui consiste à apporter de grands changements politiques", se réjouit Brian Jacobsen, de chez Annex Wealth Management. Selon l'économiste, les marchés pourraient donc être soulagés par ce choix, qui signale une administration du type "l'Amérique d'abord", mais pas une administration du type "l'Amérique exclusivement".
Dollar et taux en baisse
La désignation de ce vieux briscard de Wall Street rassure également le marché obligataire, qui s’inquiétait jusqu’ici d’un rebond de l’inflation et de la hausse du déficit budgétaire en raison du programme économique de Donald Trump. Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans, qui évolue en sens inverse du prix des obligations, perd ainsi environ 11 points de base, vers 15h30.
Dans le même temps, le dollar se replie aussi fort logiquement, les taux plus bas rendant les titres en dollars moins attrayants. Le dollar index perd 0,8%.
Une baisse du dollar qui ne devrait pas nécessairement durer, si l'on en croit certains analystes. Le "greenback" vient, en effet, de s'offrir huit semaines consécutives de hausse, dopé par le fait que les politiques de Donald Trump risquent d'attiser l'inflation et, donc, de soutenir le dollar. Une situation qui pourrait perdurer, vu que Scott Bessent supporte déjà officiellement la politique de tarifs de son nouveau président.
"Les prix de divers actifs américains ont été poussés assez agressivement dans une direction pendant trois semaines", souligne ainsi Geoff Yu, stratège chez BNY. "Les marchés ont probablement besoin de souffler un peu en ce qui concerne leurs positions sur le dollar."
"De toute évidence, cette mauvaise série de données a renforcé les attentes selon lesquelles la Banque centrale européenne (BCE) pourrait opter pour une réduction des taux de 0,5 point de pourcentage en décembre."
Vers une super baisse de la BCE?
Un autre élément permet d'expliquer l'enthousiasme des marchés en Europe ce lundi matin: une possible grosse baisse de taux de la part de la Banque centrale européenne (BCE), à l'issue de sa prochaine réunion de décembre.
Pour rappel, une série de données économiques moroses en Europe publiées la semaine dernière, notamment le ralentissement de la croissance en Allemagne au troisième trimestre et des indices PMI décevants, avaient jeté un froid.
Ces mauvaises nouvelles se sont cependant transformées en bonnes nouvelles pour les actions européennes, estime Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank. "De toute évidence, cette mauvaise série de données a renforcé les attentes selon lesquelles la Banque centrale européenne (BCE) pourrait opter pour une réduction des taux de 0,5 point de pourcentage en décembre plutôt que pour une réduction modérée d'un quart de point" pour soutenir l'activité économique, explique l'analyste.
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