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L'or attire à nouveau

©ANP XTRA

Après des années de galère, les fonds de mines d’or viennent de sortir de la zone de turbulence. Ces fonds sont destinés aux investisseurs qui misent sur une hausse du cours de l’or et souhaitent profiter d’un effet de levier de 2 à 2,5.

Les "Informations clés pour investisseurs" d’un fonds indiquent le profil de risque de celui-ci sur une échelle de 1 à 7. Le présent article porte sur les fonds les plus risqués, c’est-à-dire qui présentent un profil de risque 7. Pourtant, beaucoup de ces fonds sont liés au prix de l’or, matière première qui est précisément considérée comme une valeur refuge en cette période d’incertitude économique. Les cours des mines d’or suivent en général la même tendance que le prix de l’or, mais de manière amplifiée.

"En règle générale, les mines d’or réagissent aux fluctuations du prix de l’or avec un effet de levier de 2 à 2,5. En d’autres mots: si le prix de l’or augmente ou baisse de 1%, les mines d’or évoluent dans le même sens, mais de 2 à 2,5%. Ces dernières années, cet effet de levier a cependant cessé de fonctionner suite à des problèmes spécifiques au secteur", explique Frédérique Dubrion, qui gère depuis un an (à partir de Genève) le fonds Share Gold USD de Degroof Petercam. (Il existe également une variante Share Gold EUR, qui offre une protection contre le dollar).

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Les problèmes du secteur s’expliquent globalement par la montagne de dettes, généralement contractées pendant les bonnes années. Dans le cas de l’or, la hausse a perduré entre 2004 et 2011, pour atteindre un prix record de 1.900 dollars l’once (31,1 grammes). Au cours de cette période, les mines d’or ont pu facilement récolter des capitaux sur le marché obligataire et ont acheté d’autres mines, en supposant que le prix de l’or allait poursuivre sur sa lancée.

Mais c’est le contraire qui s’est produit et à la fin de l’an dernier, le prix du métal jaune est retombé aux alentours de 1.100 dollars. Les producteurs d’or se sont par conséquent retrouvés dans la tourmente. Et par crainte de faillites, les investisseurs ont bradé leurs actions. Même si de nombreuses mines d’or ont doublé de valeur cette année, les fonds doivent encore faire face à des pertes annuelles de 10% en moyenne au cours des cinq dernières années. Ce qui relativise la hausse des cours de 2016.

Pourquoi ce retournement de tendance? "Il s’explique par différents facteurs. Du côté du chiffre d’affaires, on constate l’effet de l’appréciation du prix de l’or. Du côté des coûts, tant le recul des prix du pétrole que celui de plusieurs devises locales (comme le rand, le peso, les dollars canadien et australien) ont un impact positif", explique Frédérique Dubrion. Car les producteurs d’or sont de gros utilisateurs de pétrole pour leurs activités d’extraction.

©Mediafin

Cette année, le prix de l’or affiche déjà une hausse de 18%, à environ 1.250 dollars l’once. Avant une sévère correction début octobre, la hausse était même de 25%. "Le cours de l’or a augmenté précisément au moment où les producteurs avaient réussi à ramener les coûts à un ratio de 1/1 par once extraite par rapport au prix plancher de l’or. La hausse du prix de l’or, de près d’un cinquième, a donc été du pur bénéfice pour le secteur",commente Grégory Olszowy, qui gère le fonds Placeuro Gold Mines à partir de Paris.

Placeuro Gold Mines a été géré pendant des années par Bernard Busschaert, qui a ouvert une agence Leleux AB à Knokke. "Il y a quelques années, l’autorité de contrôle FSMA m’a retiré l’autorisation de combiner la gestion du fonds avec mes autres activités. J’ai doncdélégué la gestion à Grégory, mais je me considère encore comme un ‘coach’. En ce qui me concerne, cette situation est provisoire. Entre-temps, je forme ma fille, afin de pouvoir reprendre la gestion du fonds dans quelques années."

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Juniors

Depuis le début de 2016, Placeuro Gold Mines affiche un rendement de 105%, une performance supérieure à celle des autres fonds de mines d’or et de tous les autres fonds de ce type enregistrésen Belgique. "Le fonds suit une stratégie opportuniste et est suffisamment petit pour investir égalementdans des mines d’or juniors. Chez les juniors, l’effet de levier sur le prix de l’or est encore plus important que dans le cas des grandes valeurs minières", explique Bernard Busschaert. Avec les juniors, les spécialistes peuvent miser sur deux types d’entreprises: soit des producteurs qui extraient moins de 250.000 onces par an, soit des groupes qui ne sont pas encore en phase de production mais qui sont actifs dans l’exploration et espèrent découvrir des filons d’or.

105%
Le rendement depuis le début de l’année de Placeuro Gold Mines. Aucun autre fonds ne fait mieux.

Statistiquement, le rendement d’un fonds de mines d’or depuis le début de l’année est d’autant plus faible que le fonds se focalise sur les grands groupes miniers. Tant Share Gold USD que Lombard Odier World Gold Expertise investissent dans un mix de juniors et de grandes mines.

Coûts de fonctionnement

Pour Bernard Busschaert, tous les fonds ne peuvent pas se permettre d’investir dans des juniors. "La liquidité des actions de mines d’or est généralement limitée. Ce qui explique que les grands fonds se limitent auxactions des entreprises de plus grande taille", poursuit le "coach". La principale position de Placeuro Gold Mines est Silver Standard Resources, un membre éminent de l’indice de référence VanEck VectorJunior Gold Mines.

Ce qui frappe également: les coûts annuels de fonctionnement du fonds peuvent atteindre 4,75%. "Après le krach du secteur des mines d’or et la réduction de la taille de notre fonds, nos auditeurs nous ont obligés à augmenter nos frais de gestion à 3%", explique Bernard Busschaert. Les coûts de fonctionnement comprennent les frais de gestion et d’autres coûts, tels que la distribution et l’audit.

Les frais sont inversement proportionnels à la taille du fonds. Chez Gold Share également, les frais de fonctionnement sont supérieurs à 2%. Chez Blackrock World Gold Fund le géant parmi les fonds de mines d’or avec près de 5 milliards de dollars d’actifs sous gestion  les frais ne dépassent pas 1,31% par an.

Depuis janvier 2002, le fonds de mines d’or de Blackrock est géré par Evy Hambro, très apprécié des analystes spécialisés. "Depuis qu’Evy Hambro tient la barre, le fonds réussit à battre les indices sectoriels", explique Fatima Khizou de Morningstar. Avec un rendement annuel de -7,5% ces cinq dernières années, le fonds Blackrock se trouve tout au sommet de notre sélection.

Evy Hambro
Evy Hambro ©RV-DOC

Pour Evy Hambro, la taille de son fonds n’est pas un problème. "Au cours de nos vingt années d’existence, nous avons eu toute liberté pour acheter les actions que nous estimions bénéfiques pour notre fonds. Par ailleurs, notre stratégie se traduit surtout par des investissements dans des entreprises qui extraient de l’or et non dans des sociétés actives dans les phases exploratoires et qui sont encore à la recherche de filons", explique Evy Hambro. Les trois principales positions de Blackrock World Gold Fund sont Newcrest Mining, Randgold Resources et Newmont Mining, trois grands noms du secteur.

Trackers d’or

Ces dernières années, les fonds sont concurrencés par les trackers, ces fonds indiciels gérés passivement. Evy Hambro fait face à cette concurrenceau sein de sa propre maison: le département iShares de Blackrock propose un tracker iShares Gold Producers  dont les frais courants ne dépassent pas 0,55%. "Nos clients peuvent choisir en fonction de leurs besoins", réagit laconiquement Blackrock.

Coté à Francfort, le tracker iShares Gold Producers affiche un rendement de 64% depuis le début de l’année. C’est moins que la plupart des fonds gérés activement, probablement à cause de l’accent mis sur les grands acteurs. Sur les trois dernières années, le tracker se situe par contre dans la bonne moyenne (rendement annuel de 9%).

©Mediafin

Perspectives

Les gestionnaires que nous avons contactés viennent de vivre des années difficiles, mais ils voient l’avenir de manière positive. "Depuis 22 ans que je fais ce travail, je n’ai jamais vu simultanément autant de facteurs susceptibles de soutenir le prix de l’or. Qu’il s’agisse des incertitudes politiques en Europe suite au Brexit, des élections américaines, des taux ultra-bas partout dans le monde ou des taux négatifs des obligations souveraines, explique Evy Hambro.Ces facteurs suscitent un regain d’intérêt pour l’or auprès des grands investisseurs et des fonds spéculatifs, mais aussi des banques centrales et des particuliers". Lors de la correction du prix de l’ordébut octobre, les flux entrants des trackers ont continué à augmenter.

"Jamais auparavant autant de facteurs soutenant le prix de l’or n’ont été réunis simultanément."

evy hambro
blackrock

Frédérique Dubrion accorde beaucoup d’importance aux flux financiers au sein des trackers."Ce n’est pas un hasard si la hausse de l’or s’est amorcée au moment de la naissance en 2004 du premier fonds indiciel lié à l’or. Les trackers facilitent les investissements en or et les flux entrants qui durent depuis des années ont poussé le prix du métal jaune à la hausse. En 2011, on a assisté à une inversion des flux, avec comme conséquence une forte baisse des prix. Aujourd’hui, noussommes à nouveau en période de flux entrants."

Frédérique Dubrion souligne également la transformation opérée par les producteurs d’or. "Les entreprises ont vécu des moments difficiles. Mais elles ne sont pas restées les bras croisés au cours de cette période. Elles ont vendu les activités qui ne faisaient pas partie de leur cœur de métier, réduit leur endettement et diminué drastiquement les coûts opérationnels. Aujourd’hui, les entreprises minières d’or paient des dividendes et réalisent des cash-flows positifs. Du jamais vu depuis de nombreuses années. Malgré la récente chute du prix de l’or, les entreprises sont rentables." "Vu que les entreprises se sont assainies, le potentiel est bien présent si le prix de l’or continue sur sa lancée", conclut Grégory Olszowy.

Investir dans l’or physique via un fonds?

Acheter de l’or physique peut rapidement devenir une source de problèmes, par exemple en cas de vol de lingots ou de pièces d’or.

SPDR Gold Shares est un fonds qui se calque sur le prix de l’or et est coté à la Bourse de New York. Ce tracker gère pas moins de 38 milliards de dollars, investis en or. Lancé en 2004, il fut le premier tracker or américain de sa catégorie.

SPDR Gold Shares est un fonds indiciel physique: avec l’argent confié par les investisseurs, le fonds achète de l’or, qu’il stocke dans des coffres-forts. La grande liquidité du métal jaune garantit une différence minime entre les cours acheteurs et vendeurs, ce qui n’est pas le cas chez un négociant en or.

Ces dix dernières années, les investissements réalisés dans SPDR Gold Shares ont affiché un rendement annuel de 9%. Les frais de fonctionnement se montent à 0,40% par an.

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