Israël et le Hamas concluent "une trêve fragile"
Israël et le Hamas ont conclu un accord de cessez-le-feu qui entrerait en vigueur dimanche. Dans un premier temps, 33 otages israéliens seront libérés en échange d'un millier de prisonniers palestiniens.
Après 467 jours d'une guerre implacable, les représentants d'Israël et du groupe terroriste Hamas ont conclu, ce mercredi, un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza prévoyant la libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens.
Le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al Thani, a confirmé cet accord lors d'une conférence de presse à Doha. Il a précisé que le cessez-le-feu entrera en vigueur dimanche, en exprimant "l’espoir que cette nouvelle étape soit la dernière page du conflit armé" et "le début d'une paix durable dans la région".
"Nous avons un accord sur les otages. Ils seront bientôt libérés."
Le président américain élu, Donald Trump, proche des négociations, a été le premier à annoncer l'accord sur sa plateforme Truth Social. "Nous avons un accord sur les otages. Ils seront bientôt libérés", a-t-il écrit.
Le cabinet du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou tempérait quelque peu l'enthousiasme en précisant, mercredi soir, que des questions restaient "à régler", mais qu'il espérait conclure "cette nuit".
Cela faisait plusieurs jours que les négociateurs enregistraient des progrès, grâce à la médiation du Qatar et sous la pression des États-Unis. L'administration de Joe Biden et Donald Trump voulaient aboutir avant l'investiture prévue le 20 janvier.
Des discussions étaient en cours pour ouvrir le passage de Rafah afin de permettre l'entrée de l'aide internationale à Gaza, selon une source égyptienne.
Les grandes lignes de l'accord
L'accord de cessez-le-feu est divisé en trois étapes. D'après le texte, consulté par L'Echo, lors d'une première phase de 42 jours, le Hamas s'engage à libérer 33 otages, parmi lesquels des femmes, des enfants et des soldats. En échange, Israël libèrera environ mille prisonniers palestiniens: 30 pour chaque otage civil et 50 pour chaque femme soldat.
L'accord prévoit l'arrêt des hostilités, et l'armée israélienne quitte les zones peuplées pour se diriger vers les confins de la bande de Gaza. Les Palestiniens déplacés commencent à rentrer chez eux, et de l'aide doit être acheminée dans l'enclave.
Pendant ce temps, Israël et le Hamas poursuivent les négociations pour exécuter une deuxième phase de 42 jours de "calme durable" durant lequel le Hamas libère les otages masculins en échange d'un nombre de prisonniers palestiniens encore à négocier et d'un retrait complet des troupes israéliennes de la bande de Gaza. Les négociateurs se seraient déjà accordés sur une zone tampon de 800 mètres entre Gaza et Israël, un peu plus grande que la précédente.
Lors de la phase trois, les corps des otages décédés sont échangés contre ceux de combattants palestiniens. Un plan pour la reconstruction de Gaza est mis en œuvre, tandis que les points de passage frontaliers pour entrer et sortir de l'enclave sont rouverts.
D'après le gouvernement israélien, 94 otages sont toujours retenus à Gaza par le Hamas, dont une trentaine sont décédés.
"Une absolue nécessité sur le plan moral"
"La phase II de l'accord est obscure et soulève de multiples questions."
L'accord a été salué par des démonstrations de joie en Palestine et un grand soulagement en Israël. "Cet accord est une étape cruciale, mais il doit être suivi par l'accomplissement de chacune de ses étapes", a réagi le Forum des familles des otages israéliens. Gilad Korngold, le père de Tal Shoham, otage du Hamas depuis le 7 octobre 2023, nous avait confié mardi, alors que l'accord était proche, que "rien ne se terminera sans la libération du dernier otage".
"Cet accord est mauvais pour Israël sur le plan politique et militaire, car il signifie que nous laissons le Hamas conserver le contrôle d'une partie de la bande de Gaza, mais il est une absolue nécessité sur le plan moral", analyse Ehud Yaari, un des spécialistes du Moyen-Orient les plus réputés en Israël et journaliste à Channel 12. "Israël n'a pas le choix, il est impératif de sauver la vie des otages."
Cela n'a pas empêché le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, de s'opposer au cessez-le-feu et de menacer de quitter la coalition si les combats cessaient.
"L'accord est mauvais et dangereux pour la sécurité d'Israël. Nous resterons au gouvernement seulement s'il y a une certitude absolue que nous reprendrons le combat avec une grande intensité", a déclaré Smotrich à la radio GLZ.
Preuve que la trêve est "fragile", comme l'a souligné Ehud Yaari. D'autant plus que "Israël et le Hamas doivent encore négocier la phase II durant les 42 jours de trêve. Pour l'instant, la phase II de l'accord est obscure et soulève de multiples questions".
Les ONG actives à Gaza ont insisté pour que l'entrée d'aide humanitaire soit assurée au plus vite. "Un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est une première étape essentielle pour atténuer la catastrophe humanitaire actuelle qui affecte les civils à Gaza, mais il doit être suivi par un accès immédiat de la population civile aux objets indispensables à sa survie", a réagi Anna Gallina, conseillère juridique auprès de l'ONG Global Rights Compliance.
- Israël et le Hamas ont conclu un accord de cessez-le-feu en trois phases. Lors d'une première étape de 42 jours, 33 otages israéliens, civils et militaires, seront libérés en échange d'un millier de prisonniers palestiniens.
- Une deuxième et une troisième phase prévoient le retrait de l'armée israélienne de la bande de Gaza et la reconstruction de la zone dévastée par plus d'un an de guerre.
- Pour l'analyste Ehud Yaari, l'accord est "fragile" mais il est "une absolue nécessité sur le plan moral".
Les plus lus
- 1 Formation du gouvernement fédéral: une nouvelle version de la "super-note" en vue, avant le sprint final
- 2 Deux nouveaux fonds de private equity ciblent les PME et les (riches) francophones
- 3 L'Espagne va augmenter les impôts sur les locations de vacances et les maisons des étrangers
- 4 Pourquoi les entreprises revoient-elles les règles du télétravail?
- 5 L'inflation US sous-jacente baisse, une première en cinq mois