L'immobilier ardennais en plein boom
Les résidences secondaires se sont vendues comme des petits pains en Belgique cette année suite à la crise sanitaire et au confinement. Si l’on a beaucoup entendu parler du marché à la Côte, l'Ardenne n'a rien à lui envier, que du contraire…
Bien qu’on en entende moins parler que de la Côte belge, l'Ardenne a la cote depuis déjà de nombreuses années notamment auprès des citoyens du nord du pays – mais pas que. Les Belges ont, cette année, suite à la crise sanitaire, appris à redécouvrir leur pays puisque voyager plus loin s’annonce parfois un peu trop compliqué.
Les longues balades en forêt, la nature, Durbuy (ou Couckeland, c’est selon) ont autant d’atouts pour un séjour en toute tranquillité que bon nombre de nos concitoyens ont décidé de s’y offrir une résidence secondaire.
Meilleure reprise que la moyenne belge
S’il est facile de comparer les communes côtières, la tâche s’avère plus complexe pour l'Ardenne. Tout simplement parce que face aux 10 communes du littoral, l'Ardenne belge compte près d’une soixantaine de communes, réparties sur plusieurs provinces (Luxembourg, Namur, Liège).
Si l'on se concentre sur les 10 communes les plus importantes en termes de transactions, car certaines étant tellement petites, les chiffres n’y sont pas représentatifs, le nombre de transactions opérées dans ces communes – Dinant, Stavelot, La Roche-en-Ardenne, Durbuy, Houffalize, Spa, Bouillon, Vielsalm, Malmedy, Bastogne – depuis le déconfinement y montre une meilleure reprise que pour l'ensemble de la Belgique. Plus précisément, entre le 18 mai et le 30 septembre 2020 par rapport à la même période en 2020, le nombre de transactions a progressé de +12,4% dans l'Ardenne alors que la hausse pour l’ensemble de la Belgique s'élève à +7,7%, selon les statistiques de la Fédération du Notariat (FedNot).
"Il ne reste plus grand-chose à vendre."
En analysant ces 10 communes séparément, la variation peut être très importante, par exemple Spa enregistre un recul des transactions de près de 38% tandis qu’à Dinant elles ont grimpé de plus de 80%. Cela s’explique par plusieurs facteurs: le nombre très réduit, chaque année, de transactions immobilières dans certaines communes, et dans d’autres le fait qu’il n’y ait qu’une ou deux études notariales. Il suffit qu’elles aient été en congé en août en 2019 et en octobre en 2020 pour qu’une baisse soit enregistrée. Ces chiffres sont donc à prendre avec précaution.
Des notaires overbookés
Puisque les statistiques doivent être lues avec prudence, les notaires, eux, permettent d'observer la réalité sur le terrain.
"S’il y a eu un ralentissement au niveau des transactions suite au confinement et un effet de rattrapage, au-delà de celui-ci, on a tous été surpris d’observer un gros engouement sur l’immobilier. Le volume des transactions au troisième trimestre est tout à fait étonnant", raconte Renaud Chauvin, notaire dans la région liégeoise d'Ardenne (Stavelot, Malmedy, Spa).
"Rien que sur octobre nous sommes avons passé le double du nombre habituel d'actes."
Vincent Dumoulin, qui a trois études aux alentours de Durbuy, explique que "c’est devenu la folie dès que les agents immobiliers ont pu reprendre leur activité. Rien que sur octobre, pour vous situer, habituellement nous passons 175 actes, cette année nous sommes au double. Nous observons une activité exceptionnelle depuis 6 mois et je pense que c’est le cas pour toute la province du Luxembourg". Il illustre: "Nous avons reçu plus de 100 demandes de visites en une semaine pour une petite maison dans le nord de la province. Elle a finalement été achetée par des personnes qui ne l’ont même pas visitée, ils ont directement mis le prix demandé." Mais aujourd’hui, après ce rush, "’il ne reste plus grand-chose à vendre".
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Les gîtes très demandés
"Si certains voulaient s’en défaire suite aux mesures sanitaires et au confinement, les gîtes ont rapidement trouvé acquéreur."
Vincent Dumoulin et Renaud Chauvin constatent un fort attrait pour les gîtes en particulier. "Il y a eu beaucoup d’achats de gîtes. Ce sont des biens haut de gamme qui permettent d’obtenir du rendement pour les investisseurs. On a vu des biens partir très rapidement, sur une petite semaine", explique le premier. "Si certains voulaient s’en défaire suite aux mesures sanitaires et au confinement, ils ont rapidement trouvé acquéreur. La demande pour les gîtes est soutenue", ajoute le second. Il explique l'attrait pour ce type de bien par les perspectives floues de vacances à l’étranger dans le contexte actuel. "Les investisseurs qui ont acheté des gîtes de grande capacité tablent sur le fait que les gens partiront plus en vacances en Belgique dans les années à venir."
La hausse des prix s’accélère à Durbuy
La demande en résidences secondaires pour l'Ardenne luxembourgeoise provient essentiellement du nord du pays. "Ce sont surtout des Flamands qui achètent dans le coin, déjà avant la pandémie suite à l’effet Marc Coucke. Ses investissements à Durbuy ont poussé certaines personnes à passer à l’achat, ce qui a eu pour effet d’augmenter les prix", explique Vincent Dumoulin. Entre 2016 et 2019, le prix des maisons y a effectivement grimpé de 12,4%, chiffre FedNot. "La crise sanitaire a encore accéléré la hausse des prix, de l’ordre de 10% supplémentaires", estime encore le notaire. Et il n’est pas loin du compte, puisque, toujours selon les chiffres de la Fédération du Notariat, les prix ont augmenté, entre 2019 et le troisième trimestre de 2020, de 22,3% dans la commune de Durbuy.
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