Liège Airport s'offre un centre d'affaires digne des grands, juste sur son seuil
Le terrain est là. Déjà payé. Et la demande locale également, récemment attisée par la promesse de l’arrivée du géant chinois Ali Baba. Il fallait juste cadrer le projet de centre d’affaires. C’est fait. Reste à construire.
Le foncier potentiel est là, à portée de main: une bande de 12 hectares logée à l’emplacement actuel des parkings – entre hall d’embarquement et autoroute E42 toute proche. Et l’offre en entrepôts (30.000 m²) et en immeubles de bureaux (15.000 m²) déjà gérée sur le site par Liège Airport Business Park est totalement saturée, avec des taux d’occupation respectifs de 100% et 97%. La demande des entreprises en nouveaux espaces est prégnante à l’échelle du Grand Liège. Il était donc judicieux et urgent de valoriser le potentiel économique de ce lieu multimodal wallon unique. Restait à penser la construction d’un centre d’affaires digne du lieu, de manière équilibrée et respectueuse du développement des différentes fonctions de l’aéroport liégeois situé en zone d’activité économique (+- 400 hectares).
- 50.000 m²: La surface bâtie totale du parc d’affaires. Celle-ci sera développée par phases et réparties sur 8 modules en H.
- 20 millions EUR: La première enveloppe. Cette ligne de crédit négociée avec ING servira à financer le développement des deux premiers bâtiments du parc d’affaires et de ses abords.
- 25 ans: L’étalement maximal du projet dans le temps. Les gestionnaires espèrent sans doute secrètement pouvoir accélérer les choses avec l’arrivée du prochain "gros porteur" chinois..
"Sans précipiter ou laisser se juxtaposer les projets de promotion de manière anarchique, comme c’est trop souvent le cas jusqu’ici sur le seuil des aéroports qui se développent; mais en planifiant les choses de manière cohérente et durable pour les 25 prochaines années, dans le respect de tous les usagers, de leurs circulations respectives et des fonctions économiques complémentaires du site", insiste Gaëtan Servais, le président du comité exécutif de la S.A. Liège Airport Business Park (LABP), par ailleurs directeur général de Meusinvest.
"Pour nous, disposer d’un portefeuille immobilier garant de rentrées financières récurrentes moins liées directement à la conjoncture que les activités classiques d’un aéroport de fret, cela a vraiment un sens en termes de diversification du risque", ajoute Luc Partoune, le CEO de LABP.
And the winner is…
Voilà pour les motivations. Mais hier mardi, les deux patrons wallons étaient réunis pour dévoiler les contours de leur nouveau projet immobilier de quelque 50.000 m² bruts, phasé sur plus de 20 ans annoncent-ils… en espérant sans doute précipiter les choses. Pour ne pas mettre la charrue avant les bœufs, ils ont d’abord fait appel, au printemps 2016, à l’expertise de Deloitte, histoire de localiser au mieux le développement du centre d’affaires et de pérenniser dans la durée toutes les fonctions et services qui doivent pouvoir cohabiter durablement sur le site choisi. C’est clairement le seuil du hall d’embarquement qui a été identifié pour y concentrer l’offre ciblée, les services liés à l’activité d’un centre d’affaires et répondre au mieux à la demande des entreprises et du personnel qui devra y travailler le plus agréablement possible malgré les nuisances liées aux trafics croisés.
Un plan masse détaillé a ensuite été commandé au bureau liégeois Pluris. "Depuis toujours, nous dialoguons avec les responsables publics communaux et wallons. Nous leur avons donc soumis ce masterplan. Et tous l’ont adoubé à l’unanimité avant que nous lancions, en janvier dernier, l’appel à projets", précise Gaëtan Servais. Un appel à projets auquel neuf équipes ont finalement répondu. Cinq ont été sélectionnées, pour n’en retenir qu’une au terme d’un concours final basé sur un cahier des charges précis.
"Vendredi dernier, le jury a désigné le lauréat: l’équipe réunie autour de l’architecte Philippe Valentiny. À l’unanimité d’ailleurs, ce qui nous a facilité les choses…", admet le président. Ce lauréat n’est plus un inconnu dans la région. C’est lui qui a dessiné le CDMO de Mithra à Flémalle, qui accueille depuis quelques mois les activités Recherche & Développement et des lignes de production. C’est lui également qui a conçu les plans du nouveau siège d’EVS au Sart Tilman.
"Très rapidement, nous allons lancer la construction du premier bâtiment."
"Nous allons rencontrer dans les jours qui viennent le fonctionnaire délégué, André Delecour. Puis nous introduirons le plus rapidement possible une première demande de permis de bâtir pour lancer dès 2019 la première phase de développement d’un immeuble de 6.000 m². Elle sera située, comme les suivantes, à proximité directe de la vitrine centrale de Liège Airport, que nous voulions préserver à tout prix. Pour les dernières phases, il faudra reloger des occupants comme Honeywell, Agusta ou TNT. Mais nous avons le temps", rassure Luc Partoune.
À terme toujours, une "rambla" (sic) bordée de commerces devrait peu à peu s’animer sur toute la longueur du terminal actuel. Les futurs commerces seront logés au rez des 8 blocs d’immeubles de bureaux dessinés en forme de H avec un hall central verré, chacun bâti sur pilotis et sur 5 niveaux avec salle commune et terrasse sur le toit. Une aire centrale couverte devrait également permettre d’accueillir des commerces (foodtrucks, etc.). Les parkings actuels, quant à eux, seront progressivement enterrés et concentrés verticalement à droite du terminal, lui aussi agrandi de part et d’autre.
L’enveloppe du projet global dépassera les 80 millions d’euros à l’horizon… 2040. Pour lancer le mouvement, une première ligne de crédit de 20 millions d’euros a été négociée avec ING. Elle servira à financer la construction des deux premiers blocs de bureaux, les plus proches du terminal. Le prix du terrain, lui, ne viendra pas grever le budget et le plan d’amortissement de cet investissement rationnel.
C’est tout bénéfice pour les gestionnaires de Liège Airport. Ceux-ci viennent de s’offrir les services d’un spécialiste en la personne de Geoffroy Magnan, fraîchement débauché à la Régie des Bâtiments, où il a gravi tous les échelons depuis 15 ans. Le nouveau patron de la filiale immobilière, en charge tant du développement que de la gestion du portefeuille chez LABP, occupera ses nouveaux bureaux dès novembre prochain. Un bel os à ronger l’y attend.
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