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Ahold Delhaize et sa "poison pill" cibles d'activistes

©ANP

Le fonds français CIAM souhaite que les actionnaires du groupe de distribution puissent se prononcer sur l'existence d'une fondation qui peut utiliser des actions préférentielles pour bloquer une offre jugée comme hostile.

Le secteur de la grande distribution connaît des heures difficiles et doit se réinventer face à la menace croissante de nouveaux acteurs comme Amazon qui ont décidé de leur tailler des croupières. Les plans de restructurations se succèdent (Carrefour) et certains sont même contraints de mettre la clé sous le paillasson (Toys’R Us). Dans ce contexte, les options pour survivre ne sont pas légion: se vendre à l’ennemi comme Whole Foods acquis par Amazon, investir massivement dans le commerce en ligne et/ou gagner en taille par fusions et acquisitions. C’est la voie empruntée par Ahold et Delhaize en 2016. Et par d’autres. Fin de la semaine dernière des rumeurs mariaient les groupes américains Target et Kroger . La concentration dans ce secteur ne semble donc pas terminée.

La fondation SCAD

Nous ne voulons pas que la direction puisse se cacher derrière des 'poison pills' si dans deux ou trois ans ils n’ont pas de vision stratégique pour l’entreprise.

Catherine Berjal
Chief Investment Officer du fonds CIAM

Mais chez Ahold Delhaize, on s’est mis à l’abri d’une éventuelle offre intempestive, ce qui irrite un fonds activiste. Les statuts du groupe prévoient, en effet, la possibilité d’émettre des actions préférentielles cumulatives afin d’éviter, ou au moins de retarder, le lancement d’une offre hostile. Cette pilule empoisonnée ("poison pill" dans le jargon) est toutefois limitée dans le temps. La fondation "Stichting Continuiteit Ahold Delhaize" (SCAD) a reçu une option pour acquérir ces actions préférentielles jusque fin décembre 2018. Cette option peut être prolongée à l’initiative du comité de direction avec accord du conseil de supervision.

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Aux actionnaires de décider

Mais le fonds spéculatif français CIAM ne veut pas que la direction puisse "se cacher derrière des poison pills si dans deux ou trois ans ils n’ont pas de vision stratégique pour l’entreprise", a déclaré Catherine Berjal, chief investment officer de CIAM. "Ils doivent penser à l’avenir. Le secteur est mal en point. Il doit se consolider. Nous souhaitons que le groupe trouve de bonnes idées et ne se cache pas derrière cette fondation", a-t-elle ajouté.

Le fonds souhaite que les actionnaires du distributeur puissent se prononcer sur le maintien, ou non, de cette fondation. Il n’y a pas de résolution en ce sens lors de l'assemblée générale qui se tient le mois prochain, mais la représentante du fonds a l’intention d’y aborder la question. Depuis quatre mois le "hedge fund" a bâti une position en Ahold Delhaize qui représente "plusieurs dizaines de millions d’euros".

Timing idéal selon Jefferies

Dans le sillage des rumeurs de rapprochement entre Target et Kroger, Jefferies a réitéré son point de vue selon lequel Ahold Delhaize devrait s'engager davantage dans un processus de consolidation aux Etats-Unis. Le broker juge le timing idéal dans la mesure où le groupe de distribution dispose encore de 18 mois de synergies pour continuer à "surperformer" fortement ses concurrents européens.

Une approche "amicale"

Dirigé par deux femmes, le fonds CIAM s’est fait connaître en France dans des dossiers comme EuroDisney, SFR, Canal+ et le rachat du Club Med. Il se concentre sur des entreprises pouvant faire l’objet d’un rachat ou étant sous le coup d’une OPA.

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CIAM est l’acronyme de "Charity Investment Asset Management". "Charité" car 25% de ses commissions de performance sont versées à des associations caritatives tournées vers l’enfance et l’éducation. Il ne se considère pas comme "activiste". "Nous n’avons rien à voir avec les activistes américains qui sont particulièrement agressifs. Vis-à-vis des directions nous sommes dans une démarche d’engagement constructif, expliquait Catherine Berjal aux Echos en juin dernier. Notre approche est au départ amicale. Si cela ne fonctionne pas, alors oui, nous avons pléthore d’instruments pour arriver à nos objectifs."

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