Facebook attaque Immoweb de front
Le géant américain vient d’accélérer la marche dans les petites annonces immobilières en signant un accord avec deux acteurs du secteur. Chambardement en vue?
Jusqu’à présent, la concurrence sur le marché de l’immobilier en ligne était des plus limitées en Belgique. Immoweb, véritable géant du secteur, pesait à lui seul quelque 300.000 visites quotidiennes par exemple.
Mais ça, c’était avant, car la situation pourrait être amenée à changer prochainement. En cause? L’arrivée d’un nouveau poids lourd ayant investi discrètement le terrain de la location en fin de semaine passée: Facebook. Oui, Facebook. L’entreprise propose dès à présent aux utilisateurs (américains) de chercher un bien à louer par type, superficie, nombre de chambres… en plus de permettre d’en choisir la localisation géographique, la gamme de prix, deux fonctionnalités déjà disponibles en Belgique.
Lire aussi notre Edito Facebook ne doit pas faire faire peur.
Un coup de massue à terme pour le secteur? À voir. Le géant américain s’est en tout cas adjoint les services de deux sites référents en la matière que sont Apartment List et Zumper. Si le chambardement est encore loin, la dynamique est par contre visible.
Véritable stratégie
Et s’inscrit dans une stratégie bien rodée… Depuis le lancement mi-août en Europe de son onglet "Marketplace" destiné à faciliter la mise en relation entre vendeur et acheteur sur la plateforme, Facebook semble s’être décidé à damer le pion tous azimuts aux acteurs ayant survécu à l’éclatement de la bulle internet dans les années 2000 pour finalement s’ériger en leaders dans leur créneau respectif. L’on pense à des eBay, Craigslist et autres Autoscout24.
Sous l’impulsion d’un Mark Zuckerberg cherchant à diversifier les sources de revenus de son bébé, de même qu’à en augmenter l’emprise dans le monde, la firme entend dès à présent jouer un rôle de premier plan dans un domaine pourtant en perte de popularité un temps durant: les petites annonces.
En ligne de mire, Facebook vise aussi bien les bijoux fantaisies et les vêtements, que les livres, l’électroménager et les véhicules (créneau pour lequel le réseau social a au passage lancé une importante initiative aux Etats-Unis fin octobre).
Mais là où la différence pourrait se faire sentir rapidement, c’est dans l’immobilier, car, pour avoir testé le service (pour l’instant limité en Belgique), la facilité d’utilisation du système est déconcertante. D’un simple coup de pouce sur l’icône de Marketplace, présente dans une application utilisée chaque jour par de nombreuses personnes, l’utilisateur accède à un vaste catalogue d’offres immobilières précédemment cantonnées à des groupes précis qu’il convenait de rejoindre tels que "Bxl louer" (38.000 membres), "Bruxelles: Loc & Coloc" (23.936 membres) et "Recherche kot/appartement/colocation à Bruxelles" (20.000 membres). Les offres y pullulaient, sans réelle possibilité de tri, ni de notification sélective d’ajouts de nouveaux biens.
Ca, aujourd’hui, c’est fini. En quelques clics, il est désormais possible, en Belgique, de sélectionner une zone très précise sur une carte, de même qu’une gamme de prix à l’aide d’un curseur. C’est aussi simple que ça. L’interface est fluide, les résultats relativement qualitatifs. De plus, l’utilisateur peut suivre les annonceurs intéressants à ses yeux ou même les contacter directement via Messenger, le service de messagerie de Facebook… qui intègre d’ailleurs depuis peu le paiement dans certains pays.
Quel impact en Belgique?
Couplez à cela des offres tierces de partenaires et la possibilité d’affiner encore plus les résultats comme c’est dès maintenant le cas outre-Atlantique, et vous obtenez un produit particulièrement intéressant, venant marcher sur les plates-bandes des acteurs locaux tels qu’Immoweb, Zimmo, Hebbes, immovlan.be et Logic-Immo.
Se pose dès lors une question fondamentale: connaissant la force de frappe du géant américain avec son 1,37 milliard d’utilisateurs actifs quotidiennement dans le monde (pour 6,21 millions mensuellement en Belgique, selon le spécialiste Statista), quel sera l’impact de cette nouvelle stratégie sur le marché de l’immobilier en ligne? Doit-on s’attendre à un basculement? Qu’en pensent les acteurs locaux?
Interrogé, Immoweb se veut nuancé, non sans raison. "Le deal signé par Facebook concerne des partenaires de seconde zone, alors que vu sa force, l’entreprise aurait sûrement pu démarcher de plus grands acteurs. Or, sans ces partenariats, il n’y a aucun business", tacle Valentin Cogels, CEO d’Immoweb, soulignant le nombre d’offres très limité sur la plateforme, de même qu’une qualité moins élevée que celle d’un site dont c’est le seul métier. "De plus, cette initiative ne touche actuellement que la location, ce qui menace plutôt les agents immobiliers. Alors, oui, nous sommes très attentifs face à de tels développements, mais il faut plutôt les voir comme un signal." Chez Roularta (copropriétaire d’Immovlan.be avec Rossel), Xavier Bouckaert, CEO, pointe plutôt des acteurs du type de 2ememain.be comme cibles de la stratégie de Facebook. En effet, pour ce qui est de l’immobilier en ligne, "le marché n’est pas aussi mature en Belgique qu’aux USA", explique Eric Spitzer, CEO d’Immovlan, qui ne nie pas pour autant l’apport de Facebook au trafic de sa plateforme. Au contraire.
Bref, impact il y aura, mais difficile d’en prendre déjà la mesure. Qui vivra, verra…
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