DMA: à quoi sert la nouvelle arme européenne contre Apple, Google et les autres?
Avec l'adoption du Digital Markets Act, les grandes plateformes (Amazon, Google, Meta...) devront laisser de la place à la concurrence. Mais concrètement, ça change quoi?
La Commission européenne veut mettre au pas les grandes plateformes en ligne. Le Digital Markets Act vise à stimuler la concurrence dans le domaine du numérique, un marché largement dominé par des acteurs étrangers, principalement américains. L'Europe veut aider les start-up européennes à prendre une part de ce méga-gâteau.
Le projet est ambitieux. Il vise à réguler les usual suspects: Apple, Amazon, Alphabet (Google), Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), Microsoft et Bytedance (TikTok). Mais concrètement, ça change quoi? Quelles mesures la Commission européenne met-elle sur la table pour casser les monopoles du Net?
1. Un concurrent à l'App Store
Les Big Tech devront cesser de favoriser leurs propres services. Ils devront permettre aux utilisateurs de télécharger des applications concurrentes ou de s'adresser à des sites concurrents.
Ils devront, par exemple, autoriser le téléchargement de magasins d'applications concurrents. Un utilisateur d'iPhone n'a aujourd'hui accès qu'à l'App Store d'Apple. Demain, il pourra télécharger un magasin d'applications concurrent.
Cela peut être celui de Google, d'un autre fabricant de smartphones ou encore un tout nouveau magasin d'applications made in Europe qui pourrait voir le jour. Apple prélève traditionnellement une commission de 30 % auprès des développeurs d'applications. Ces derniers pourraient être tentés de proposer leurs services à un magasin concurrent qui aurait accès à l'iPhone et qui - pourquoi pas - prélèverait une commission moins élevée.
2. Halte aux applis impossibles à désinstaller
Les géants du Net ne pourront plus imposer leurs applis maison, qui sont installées d'origine sur votre smartphone. Les Big Tech ont pris l'habitude de proposer des applications présentes dès l'achat de l'appareil. Ces applications sont parfois impossibles à désinstaller, ce qui revient à forcer la main à l'utilisateur.
Ce ne sera plus possible : tant Apple que Google (Android) devront permettre à l'utilisateur de désinstaller ces applications.
Avec l'interopérabilité, un utilisateur de la messagerie Telegram ou Signal pourra envoyer un message à un utilisateur WhatsApp. Et vice-versa.
3. Envoyer un message WhatsApp sur Telegram
Ça s'appelle l'interopérabilité. La Commission veut contraindre les plateformes à parler entre elles. Dans le domaine de la messagerie instantanée, c'est très parlant. Actuellement, un utilisateur WhatsApp ne peut pas envoyer de message sur une autre messagerie.
Vu la domination d'un acteur comme WhatsApp (2 milliards d'utilisateurs dans le monde), il est compliqué pour les concurrents d'émerger. Difficile en effet de convaincre d'un coup toutes ses connaissances de télécharger une nouvelle appli et de passer sur un autre système de messagerie.
Avec l'interopérabilité, un utilisateur de la messagerie Telegram ou Signal pourra envoyer un message à un utilisateur WhatsApp. Et vice-versa.
4. La fin du kidnapping de données d'entreprise
Les entreprises utilisatrices des services en ligne des Big Tech ont du mal à accéder à leurs propres données. C'est le cas, par exemple, de certaines statistiques d'utilisation et de fréquentation collectées par Facebook ou Google.
Ces données utiles aux entreprises, qu'elles génèrent elles-mêmes par leur activité en ligne, devront être rendues accessibles. Les entreprises pourront les réclamer.
Les géants du Net devront demander une autorisation expresse de l'utilisateur lorsqu'ils souhaitent traquer leur activité en dehors de leur propre plateforme.
5. Un frein au tracking publicitaire
Les géants du Net collectent nos données pour créer des profils ciblés d'utilisateurs qu'ils monétisent auprès des annonceurs. C'est ainsi que nous recevons régulièrement de la publicité ciblée sur les réseaux sociaux.
Cette pratique ne sera pas interdite mais mieux encadrée. Les géants du Net devront demander une autorisation expresse de l'utilisateur lorsqu'ils souhaitent traquer leur activité en dehors de leur propre plateforme. Un acteur comme Google devra donc recevoir l'autorisation expresse d'un utilisateur s'il veut le traquer sur Instagram.
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