Depuis cette année, les contribuables ont l’occasion de verser dans leur épargne pension (fonds ou assurance) un montant supérieur à 960 euros. S’ils choisissent de verser un montant inférieur ou égal au montant de base, ils recevront en 2019 une réduction d’impôts de 30%, soit 288 euros. S’ils choisissent de verser un montant supérieur, dont la limite a été fixée à 1.230 euros par le gouvernement, la réduction d’impôts se fera au taux de 25% sur tout le montant versé, soit 307 euros maximum. Attention au piège: s’ils versent un montant compris entre 960 et 1.152 euros, ils toucheront un avantage fiscal inférieur à celui qu’ils auraient touché en ne versant que 960 euros, en raison de la baisse du taux de réduction d’impôts. C’est pourquoi les banques et les assureurs sont obligés par la loi d’informer les clients sur la différence entre les deux régimes et de recueillir leur accord explicite – chaque année - s’ils décident d’opter pour le second plafond.
La loi instaurant ce plafond majoré a été publiée au Moniteur fin mars. Les banques et les assureurs implémentent petit à petit ce nouveau système, mais certaines ne sont pas encore tout à fait prêtes. C’est le cas d’ING, qui a " l’ambition " d’implémenter ce système pendant le quatrième trimestre. Forcément, après, il sera trop tard pour l'année de revenus 2018…
Chez KBC, les clients qui cotisent dans une assurance épargne pension pourront choisir le plafond majoré à partir de début novembre. En revanche, "pour le compte épargne pension, le client peut déjà depuis quelques temps, faire son choix pour le deuxième montant via son agence bancaire. Cela se traduit par un ajustement du montant mensuel dans son plan. Les versements libres sont également possibles ", explique Ilse De Muyer, porte-parole de KBC. "Depuis mi-septembre, le choix du montant le plus élevé est également possible via l’application KBC/CBC. Le client donne son accord et paie intégralement jusqu'à 1.230 euros afin de bénéficier de la réduction d'impôt maximale", poursuit-elle.
Les clients sont-ils demandeurs? Il faudra bien sûr attendre 2019 pour avoir un aperçu de l’ensemble des clients qui ont fait le pas vers les 1.230 euros. "Mais en ce moment, nous voyons déjà chaque semaine plusieurs centaines de clients faire le choix conscient pour les 1.230 euros", précise-t-elle. Mais du côté des autres acteurs du secteur, le constat semble différent. Belfius, qui offre la possibilité d’opter pour le plafond majoré depuis avril, constate en effet de son côté une demande encore très limitée de la part de ses clients. Même son de cloche du côté d'AG Insurance, qui distribue ses assurances épargne-pension via le canal de courtage ou BNP Paribas Fortis. "Une toute petite minorité de nos clients a pour le moment opté pour cette enveloppe à 1.230 euros", indique Gerrit Feyaerts, porte-parole d’AG Insurance.
Bâloise, qui a été parmi les premières compagnies d'assurances à proposer le second plafond à ses clients, constate que, sur la nouvelle production à partir de février jusqu’à aujourd’hui, "98% des contrats ont une prime égale ou inférieure à 960 euros".
Pour qui ?
Opter pour le plafond majoré peut donc procurer un avantage fiscal supplémentaire de 19 euros, mais pour un effort d’épargne – assez conséquent – de 270 euros. Ceci peut paraître vraiment dérisoire et c’est sans doute ce qui explique que les clients ne se bousculent pas au guichet de leur banque pour faire modifier leur plafond. Cependant, opter pour le plafond plus élevé présente des avantages, le premier étant de doper l’effet de levier, surtout si l’épargnant commence jeune. Par ailleurs, ce plafond incite à une certaine autodiscipline en matière d’épargne, en fixant un montant plus élevé à épargner chaque année, le tout avec une déductibilité fiscale qui reste conséquente.
"La réflexion doit être fait en faveur d'un investissement non fiscal qui peut produire le même rendement ou un rendement supérieur. Un compte d'épargne ne pourra jamais égaler l'épargne-pension à long terme", explique Hilde Junius de BNP Paribas Fortis. La banque permet à ses clients d’opter pour le plafond majoré en assurance ou en fonds d’épargne pension. "Dès que les investissements non fiscaux sont inclus dans la comparaison, leur traitement fiscal spécifique doit être pris en compte afin de pouvoir comparer les deux produits nets après toutes taxes et droits à la fin du contrat".
La comparaison doit notamment tenir compte du fait que les revenus de l’épargne pension ne sont pas soumis au précompte mobilier. " A moins d'avoir un placement alternatif qui, après déduction de tous les frais et impôts, rapporte davantage, il reste avantageux de payer intégralement le plafond relevé du contrat d'épargne pension ", conclut-elle.