Lies Eeckman (Polestar Belgique): "Nous allons faire un geste commercial pour les clients Tesla"

Au niveau global, Polestar a souffert du ralentissement de la demande de voitures électriques. La marque s'est aussi séparée de Volvo (tout en restant son partenaire) et a dû revoir entièrement sa stratégie. Si Polestar a soufflé le chaud et le froid ces dernières années, l'histoire est positive en Belgique, selon Lies Eeckman, managing director de Polestar au Belux depuis ses débuts sur notre marché il y a cinq ans. Une position qui lui permet, aujourd'hui, de lorgner les déçus de Tesla. Interview.

L'histoire de Polestar depuis ses débuts n'a pas été de tout repos?

Pour la Belgique, on est clairement dans une success story. On a fait de la croissance année après année. Toujours avec une bonne vision pour installer et ancrer la marque.

Vous êtes là où vous vouliez être il y a quelques années?

La Polestar 2 est une valeur sûre dans le fleet. Nous avons près de 9.000 voitures sur les routes belges. C'est pas mal quand on a commencé de zéro avec une marque inexistante. Aujourd'hui, 54% des Belges connaissent la marque.

Et cela avec un seul modèle. Grâce aux deux nouveaux modèles, la Polestar 3 et la 4, nous avons enregistré 50% de commandes en plus au dernier trimestre 2024.

La question des valeurs résiduelles difficiles dans l'électrique, ça vous affecte fortement?

Elles restent correctes pour nous. Nous sommes dans le top 3 des valeurs résiduelles et très compétitifs dans le leasing opérationnel. On commence à vendre de la seconde main certifiée.

Le plus important, c'est la confiance dans la marque. Cela se gagne. Ce n'est pas gratuit. C'est un aspect souvent trop sous-estimé par la nouvelle compétition.

On assiste d'ailleurs à une série de clients Tesla qui visitent nos espaces, et on est prêts à les accueillir les bras ouverts.

Comme c'est déjà le cas aux États-Unis, nous allons faire une offre spéciale pour les clients Tesla belges qui veulent se séparer de leur véhicule, pour les aider à absorber une partie de leurs pertes.

Certaines personnes ne se sentent plus assez à l'aise pour conduire cette marque. Ils étaient des pionniers de l'électrique et ils méritent qu'on les aide.

Vous êtes aussi membre du lobby EV Belgium. Y a-t-il encore beaucoup d'évangélisation à faire pour que davantage de Belges passent à l'électrique?

Avec 33% de parts de marché pour l'électrique en Belgique contre 15% en Europe, nous sommes pris en exemple par l'Europe. Pourquoi faire machine arrière avec cette loi sur les hybrides? Ce n'est pas nécessaire. Tout ce que demandent les clients, c'est un cadre stable.

L'infrastructure de recharge est une des meilleures d'Europe. C'est dommage que l'on crée une hésitation. Notre Polestar 3 grande autonomie a 706 km d'autonomie WLTP. Un test hivernal en Norvège n'a enregistré qu'une différence de 5% entre le WLTP et l'autonomie réelle. On n'a plus besoin des hybrides, elles ont fait leur temps!

Les clients attendent à cause de l'incertitude?

On voit dans les immatriculations du début de l'année qu'il y a un déclin du marché. C'est le mauvais débat pour le pays et la planète.

La force de Polestar n'est-elle pas qu'elle est arrivée en Europe avant que la question de la production des voitures en Chine ne s'invite dans le débat public?

C'est bizarre que l'on ait ces discussions seulement sur les voitures et pas sur les smartphones, par exemple. Nous sommes une compagnie asset light, qui n'est pas propriétaire des usines. On a des collaborations dans les usines de nos partenaires Volvo en Chine.

Mais la Polestar 7 sera produite en Europe, la Polestar 3 est produite aux États-Unis et la Polestar 4 sera produite en Corée du Sud avec Renault. Mais, en effet, la Polestar 2 reste en Chine.

À combien s'élèvent les taxes douanières sur la Polestar 2?

Elles ont augmenté de 18%, en plus des 10% que l'on payait déjà.

Les économies de coûts décidées par Polestar vont-elles diminuer vos moyens marketing, qui sont importants en Belgique?

Non. Nous sommes un des pays les plus performants dans le monde et on continue d'investir ce qu'il faut pour construire la marque. Le focus de la compagnie est sur la croissance, avec 30 à 35% de croissance par an au niveau global.

Ce sera possible avec la gamme qui s'étend. La Polestar 5 arrive fin d'année et la Polestar 7 (un petit SUV compact) sera produite en Europe. En Belgique, les SUV amènent le plus de croissance.

Polestar revoit aussi sa stratégie de distribution. Fini le tout online...

La vente en ligne, c'était bien, il y a cinq ans, pour les early adopters qui étaient prêts à faire une heure de trajet pour venir voir la voiture. Aujourd'hui, nous passons au modèle d'agence et il sera possible d'acheter sa voiture directement dans les espaces Polestar.

Nous ouvrons aujourd'hui à Rhode-Saint-Genèse, ensuite Courtrai et Hasselt. Nous passons de quatre à sept espaces Polestar avant l'été, ce qui va diviser par deux la distance pour voir les voitures. Aussi, le service de Polestar se fait dans le réseau Volvo avec 37 points de services. Les clients sont en moyenne à sept minutes maximum de leur garage.

Produire localement, c'est mieux pour la durabilité évidemment.

Oui, et notre ambition a toujours été de produire des voitures les plus durables possible du berceau à la tombe. Nous voulons être zéro émission et chaque année, nous faisons des progrès.

Quel a été le gain en cinq ans sur la production d'une Polestar 2?

Nous étions à environ 58 tonnes de CO2 par voiture. Nous sommes maintenant à 24 tonnes. Une Polestar 4 produite et conduite en Chine est déjà à 16 tonnes.

Pour la patronne de Polestar Belgique, ce ne serait pas super d'avoir une Polestar produite chez Volvo Gand?

(rires) Oui, mais on n'a pas encore annoncé où serait produite la Polestar 7. Ce sera pour bientôt.