Le Royaume-Uni, un allié à faire rentrer dans le rang
Le rôle central joué par les Britanniques dans la défense de l'Ukraine s'est encore renforcé ces dernières semaines. L'UE essaie d'orienter ce volontarisme dans le sens de l'autonomie stratégique européenne, en faisant pression sur Keir Starmer pour qu'il renonce à l'esprit du Brexit.
La décision de l'UE d'exclure provisoirement le Royaume-Uni du fonds de réarmement Safe (Security Action for Europe), la semaine dernière, n'a évidemment pas plu aux Britanniques, dont les sociétés ne pourront pas bénéficier de commandes sans concessions politiques de Downing Street.
Ce programme de défense donnera aux États membres la possibilité d'emprunter jusqu'à 150 milliards d'euros pour acheter en commun du matériel militaire. Il permettra aux Vingt-Sept de frapper d'une pierre trois coups: (re)bâtir un arsenal adapté à la menace russe à court ou moyen terme, favoriser uniquement les grands acteurs de défense de l'UE, et réduire la dépendance toxique vis-à-vis des États-Unis. Ceux-ci ont fourni 64% des armes aux pays européens de l'Otan depuis 2020, en hausse de 52% par rapport aux cinq années précédentes.
"Nous devons acheter plus européen. Car cela signifie renforcer la base industrielle et technologique de la défense européenne. Cela signifie stimuler l'innovation. Et cela signifie créer un marché européen pour les équipements de défense."
Le message d'Ursula von der Leyen a été clair: "Nous devons acheter plus européen. Car cela signifie renforcer la base industrielle et technologique de la défense européenne. Cela signifie stimuler l'innovation. Et cela signifie créer un marché européen pour les équipements de défense."
Dans une Europe où le populisme n'aurait pas provoqué le Brexit, le Royaume-Uni serait l'un des grands gagnants de cette redistribution des rôles, puisqu'il héberge le siège du premier fournisseur de matériel de défense en Europe, BAE Systems, ainsi que Rolls-Royce ou encore Babcock International.
"L'argent des contribuables européens ne peut pas seulement aller vers les sociétés britanniques"
En lançant avec succès la coalition de volontaires, dont la troisième conférence s'est tenue ce jeudi à Paris avec une trentaine de pays, Keir Starmer a indirectement provoqué une déperdition des intérêts de l'UE. Toutes les initiatives et avantages économiques qu'il pourrait tirer de son statut à part - non-membre de l'UE et historiquement proche des États-Unis - sont surveillés par les Vingt-Sept.
"L'argent des contribuables européens ne peut pas seulement aller vers les sociétés britanniques", a expliqué l'ambassadeur allemand au Royaume-Uni, Miguel Berger, dans une interview à Radio Times.
La signature d'un partenariat de sécurité était à l'ordre du jour de la dernière visite de Keir Starmer à Bruxelles, début février, lors du premier conseil européen auquel avait assisté un Premier ministre britannique depuis le Brexit. La majorité des États membres avaient réitéré leurs souhaits de voir le Royaume-Uni accepter un accord sur la mobilité des jeunes et des concessions sur les quotas de pêche. Un accord est espéré par l'UE lors du sommet organisé à Londres le 19 mai prochain.
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