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Grève générale du 31 mars: "Cette grève n'est pas le point final, nous courons un marathon"

Les trains devraient majoritairement rester en gare ce lundi, même si la SNCB prévoit un service alternatif. ©Valentin Bianchi / Hans Lucas

Moins de deux mois après son installation, le gouvernement De Wever fait face à une première grève générale. La paralysie de l'économie s'annonce importante, notamment au sud du pays.

La fronde monte depuis des mois. Elle s'est déjà exprimée à plusieurs reprises. Avant même la constitution du nouveau gouvernement, les syndicats, chauffés à blanc par le contenu des notes de travail qui fuitaient dans la presse, organisaient des rassemblements "préventifs". Celui sur le thème des pensions marqua les esprits tant les leaders syndicaux eux-mêmes ont semblé surpris par l'ampleur de la mobilisation.

Ce qui leur donna du vent dans les voiles pour organiser, l'attelage piloté par Bart De Wever à peine installé, une première grande manifestation nationale. Avec, à la clé, entre 60.000 (selon la police) et 100.000 manifestants (selon les syndicats). Et dans la foulée, une nouvelle grève générale annoncée. Qui a lieu ce lundi, donc.

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Qu'est ce qui sera bloqué?

La mobilisation a, d'après les échos qu'on a pu récolter dans les rangs syndicaux, mis du temps à démarrer. Mais il semble bien qu'une partie significative de l'économie belge sera mise à l'arrêt. Précisons que le syndicat libéral n'y prend pas part.

Les trains devraient majoritairement rester en gare ce lundi, même si la SNCB prévoit un service alternatif. Aucun vol passagers n'aura lieu dans les aéroports de Bruxelles et de Charleroi. L'activité du port d'Anvers devrait aussi être fortement entravée.

On s'attend à ce que les cours n'aient pas lieu dans plus de la moitié des écoles francophones et néerlandophones. Des actions auront aussi lieu dans des crèches, des hôpitaux...

Au nord comme au sud du pays, les transports en commun devraient être paralysés. Les syndicats annoncent également des piquets de grève dans le secteur du commerce, devant les centres commerciaux City 2 et Docks Bruxsel notamment. Et la CSC a déposé un préavis d’actions illimité dans les secteurs de l’alimentation et des services.

Le non-marchand sera également mobilisé. On s'attend à ce que les cours n'aient pas lieu dans plus de la moitié des écoles francophones et néerlandophones. Des actions auront aussi lieu dans des crèches, des hôpitaux...

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Et ce n'est pas tout. Dans certaines régions, comme celle de Mons-Borinage, de Charleroi ou de Liège, la paralysie devrait être encore plus importante, avec des ronds-points, des routes ou des zonings bloqués.

"Les gens ont peur dans tous les métiers", estime Thierry Bodson, président de la FGTB. Les syndicats ont donc sensibilisé également dans des secteurs habituellement moins mobilisés comme l'intérim ou les freelances, mais aussi dans les titres-services et les PME, indique Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC. Notons aussi que les artistes, remontés contre le projet de réforme de leur statut, se rassembleront à la Monnaie.

Du côté patronal, on dénonce ce type de discours, sur le mode: ce n'est pas dans la rue qu'on obtient des accords, mais à la table de négociations. "Faire grève dans ces circonstances est en total décalage avec la réalité et particulièrement inopportun", déplore ainsi la Fédération des entreprises belges (FEB), préférant souligner l'accord conclu ce mois-ci au sein du Groupe des Dix sur les conventions collectives de travail. "La preuve, une fois de plus, que l'on peut obtenir davantage par la négociation que par la grève."

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"La liste des régressions programmées par l'Arizona est trop longue pour l'énumérer. Mais s'il fallait résumer en une revendication, je dirais: être entendus."

Thierry Bodson
Président de la FGTB

Que veulent les syndicats?

Chaque grande mobilisation est l'occasion pour les syndicats de sensibiliser leurs affiliés pour construire une contestation des mesures du gouvernement sur la longueur. Le dossier des pensions est sans doute celui qu'ils identifient comme le plus fédérateur, parce qu'il traverse toutes les professions et les tranches d'âge. En janvier, un simple rassemblement sur ce thème s'est mué en véritable manifestation d'ampleur, avec 30.000 personnes dans la rue et notamment beaucoup de Flamands.

Mais, dit Thierry Bodson, "la liste des régressions programmées par l'Arizona est trop longue pour l'énumérer. Elle touche tout le monde, et les services publics sont en première ligne. Mais s'il fallait résumer en une revendication, je dirais: être entendus. Et rouvrir les portes de la concertation sociale."

"Cette grève est un appel clair aux décideurs politiques à montrer du respect pour l'ensemble des travailleurs. Les mesures du nouveau gouvernement font peser l'essentiel des efforts d'austérité sur les épaules des travailleurs, tandis que les grosses fortunes et les entreprises n'apportent guère leur pierre à l'édifice", estime Marie-Hélène Ska.

Comment va réagir le gouvernement?

Car les syndicats le savent: il y a un momentum. Celui de la rédaction des textes de loi mettant en œuvre les réformes du gouvernement sur le marché du travail, les pensions, la fiscalité... Le nouveau gouvernement doit passer des paroles aux actes, et confronter ses idées à la réalité.

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Le dossier du statut d'artiste a montré que des interprétations différentes de l'accord de gouvernement existent entre les partis de la coalition. Ce qui donne aux syndicats de l'espace pour tenter d'influencer les décisions, en ciblant les partis les plus "proches" d'eux: Les Engagés, Vooruit et le CD&V.

Y aura-t-il d'autres actions dans les prochains mois?

"Cette grève n'est pas le point final de notre plan d'action. Nous courons un marathon", répond d'emblée Marie-Hélène Ska. Les syndicats ont tiré les leçons de 2014, quand le soufflé de la mobilisation était vite retombé. Face à l'Arizona, ils ont élaboré une stratégie de longue haleine, mêlant actions dans les secteurs et grands rassemblements interprofessionnels, comme ce lundi, le 29 avril prochain, ou à l'automne prochain.

Trop d'actions, tue l'action? Le risque de lasser l'opinion et de la perdre est patent. "Avec les textes légaux qui commencent à être connus, les gens vont commencer à compter combien ils perdent concrètement, anticipe Thierry Bodson. Ils ne vont pas se lasser, mais plutôt rejoindre l'action."

Dossier | Concertation sociale

L'actualité du dialogue social entre patronat, syndicats et gouvernement: dernières infos, analyses, reportages, interviews des partenaires sociaux...

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Le résumé
  • Ce lundi, l'économie tournera au ralenti. CSC et FGTB ont mobilisé tous azimuts pour tenter de mettre le pays à l'arrêt.
  • Transports, commerce, non-marchand, services publics, mais aussi métiers atypiques: les syndicats veulent amplifier le rapport de force qu'ils tentent d'installer avec le gouvernement De Wever, alors que les premières réformes doivent bientôt arriver.
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