La Biélorussie de plus en plus isolée
La Biélorussie est de plus en plus isolée du reste du monde, après le détournement de l'avion Ryanair et les sanctions décidées par l'UE. Cette provocation de Loukachenko, celle de trop, a unifié les Européens.
Air France, KLM, Lufthansa, Finnair, SAS... Une à une, les compagnies aériennes s'alignaient mardi sur l'appel de l'Union européenne à ne plus survoler le territoire de la Biélorussie, après que l'ancienne république soviétique a détourné un avion Ryanair et arrêté un opposant se trouvant à son bord, Roman Protassevitch et sa compagne. Cette nouvelle provocation du président biélorusse Alexandre Loukachenko a provoqué la colère de la communauté internationale et uni les dirigeants européens. Lundi, les Vingt-Sept ont pris de nouvelles sanctions contre des personnalités proches du dictateur et engagé un blocus aérien sur la Biélorussie.
"Alexandre Loukachenko retient sa propre population en otage et ce depuis déjà une longue période. Mais cela ne nous empêchera pas de rappeler le prix à payer pour cet acte infâme."
L'ONU, l'OTAN et l'UE ont exigé la libération immédiate de l'opposant. Un enregistrement de ses aveux laisse entendre que le jeune journaliste a subi des actes de torture. Un porte-parole de l'ONU a jugé ces images "peu rassurantes, étant donné les contusions apparentes sur son visage". Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira mercredi en urgence pour traiter la question biélorusse.
La France et l'Allemagne ont averti mardi que les sanctions contre la Biélorussie se poursuivraient. "Alexandre Loukachenko retient sa propre population en otage et ce depuis déjà une longue période. Mais cela ne nous empêchera pas de rappeler le prix à payer pour cet acte infâme", a dit le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas. Plus de 400 prisonniers politiques se trouvent dans les prisons biélorusses suite à la révolte survenue après les élections d'août, selon Amnesty International.
Le président français Emmanuel Macron a proposé d'inviter la cheffe de l'opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovkaïa, au prochain G7 prévu en juin. Un affront pour le président russe Vladimir Poutine, dont le pays est suspendu du G7. Selon Tikhanovskaïa, l'opposant arrêté "risque la peine de mort".
Enquête internationale
La Biélorussie a prétexté d'une alerte à la bombe "lancée par le Hamas", pour justifier le déroutage forcé du Boeing. Minsk a ensuite affirmé que l'opposant avait été arrêté "par hasard", parce qu'il se trouvait à bord. Cette version des faits a été jugée "peu crédible" par la chancelière allemande Angela Merkel.
Seul le Kremlin se range du côté de Loukachenko. Moscou a "regretté" les sanctions, estimant qu'il était dans son droit. La Biélorussie est redevenue un satellite de la Russie depuis l'élection présidentielle.
Une enquête internationale sur ce détournement devrait être menée, probablement par l'OACI (organisation de l'aviation civile internationale). La question d'un soutien technique éventuel de la Russie pourrait se poser. Les liens entre les deux pays sont ténus, entre autres à travers leurs armées et leurs services de renseignements, le KGB biélorusse et le FSB russe.
La motivation de Loukachenko, un dirigeant jugé instable, interroge. Sa tactique, humiliation et déstabilisation, semble identique à celle menée par la Russie envers l'Europe.
Unité européenne
Cette "piraterie", comme l'a qualifié le CEO de Ryanair Michael O'Leary, est la provocation de trop de Loukachenko. Jusqu'ici, la répression violente menée en interne contre l'opposition ne lui avait valu que quelques timides sanctions. Cette fois, l'UE a pris une décision sévère et rapide. Le dictateur a contribué à unir les Vingt-Sept divisés jusqu'alors sur des sanctions supplémentaires.
"Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, proche de Moscou, s'est tu lors de la décision prise à l'unanimité."
L'adoption du texte préparé par le président du Conseil européen Charles Michel a été rendue possible grâce à la fermeté de l'Allemagne, de la France et des pays dont les nationaux se trouvaient à bord de l'avion. "Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, proche de Moscou, s'est tu lors de la décision prise à l'unanimité", dit une source diplomatique.
Le résumé
- Les compagnies aériennes ont commencé à appliquer le blocus sur la Biélorussie, après le détournement d'un avion Ryanair par la Biélorussie. Les condamnations contre ce pays, de plus en plus isolé, se poursuivaient mardi.
- L'ONU, l'OTAN et l'UE ont condamné cet acte et exigé la libération immédiate de l'opposant et de sa compagne arrêtés à Minsk.
- Une enquête devrait déterminer la responsabilité du régime d'Alexandre Loukachenko. La question des liens éventuels de Moscou avec l'opération sera posée.
- Cette provocation a contribué à unir les dirigeants européens.
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