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Le sort de l'Ukraine suspendu à Poutine et aux "faucons" du Kremlin

Les intentions du président russe Vladimir Poutine demeurent obscures. ©Photo News

Les craintes d'une invasion russe de l'Ukraine continuent à monter, alors que les hostilités ont repris dans le Donbass. Les intentions de Vladimir Poutine sont encore incertaines. L'Echo s'est penché sur ses principaux conseillers.

Les tensions autour de l'Ukraine sont à leur comble. Malgré une lueur d'espoir entretenue par l'annonce d'une rencontre, la semaine prochaine, entre le secrétaire d'État américain Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov, aucun signe de désescalade n'est en vue. De nouveaux bombardements dans l'est de l'Ukraine ont eu lieu vendredi, les forces ukrainiennes et les séparatistes prorusses s'accusant mutuellement de chercher la provocation. Cette flambée de violence nourrit les craintes d'une invasion russe, jugée "imminente" par Washington.

"La Russie a probablement massé entre 169.000 et 190.000 soldats en Ukraine et à proximité."

Michael Carpenter
Ambassadeur américain à l'OSCE

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Le Kremlin se dit "très inquiet" de la reprise des hostilités dans le Donbass, estimant que cela pourrait l'entraîner à intervenir en Ukraine. Jeudi, les ministres de la Défense de l'Otan ont mis en garde contre une "provocation" orchestrée par la Russie qui pourrait être le prétexte d'une invasion.

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La Russie a annoncé de nouveaux retraits de soldats à la frontière ukrainienne, mais les Occidentaux ne sont pas convaincus. Au contraire, l'ambassadeur américain à l'OSCE, Michael Carpenter, a affirmé vendredi que "la Russie a probablement massé entre 169.000 et 190.000 soldats en Ukraine et à proximité, contre environ 100.000 le 30 janvier".

La diplomatie est dans l'impasse, alors que Washington et Moscou sont engagés dans un dialogue de sourds. Ainsi, Antony Blinken a accepté de rencontrer Sergueï Lavrov, "à condition que la Russie n'envahisse pas l'Ukraine". La menace de conflit sera au cœur de la conférence annuelle sur la sécurité de Munich, qui se tient de vendredi à dimanche. Les membres du G7 se réuniront samedi pour lancer un "appel au dialogue".

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Les conseillers de Poutine

Tous les regards sont tournés vers le président russe Vladimir Poutine, dont les intentions concernant l'Ukraine demeurent inconnues. Oscillant entre menaces d'intervention militaire et gestes diplomatiques, il garde le silence la majeure partie du temps.

Le maître du Kremlin, contrairement à ses prédécesseurs soviétiques, prend ses décisions seul. Son entourage, réuni au sein du Conseil de sécurité de Russie, est là pour l'informer et exécuter ses décisions. L'Echo s'est penché sur sa "garde rapprochée". Deux conseillers et trois "faucons".

Sergueï Lavrov, le "Talleyrand russe"

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en fonction depuis 2004, est membre permanent du Conseil de sécurité de Russie, l'instance où l'on retrouve les plus proches conseillers de Poutine. Ce diplomate, un des plus habiles de sa génération, est en première ligne face aux chancelleries américaines et européennes, que ce soit lors des conflits en Libye, en Syrie et en Ukraine ou à l'occasion des négociations sur le nucléaire iranien ou les armes chimiques. Comparé à Talleyrand, il déstabilise aisément ses interlocuteurs.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. ©EPA

Lavrov s'inspire de la doctrine d'Alexandre Gortchakov, un ministre du Tsar Alexandre II qui avait rétabli la grandeur de l'empire russe lors de la guerre de Crimée au XVIIe siècle. Il est fidèle au dessein du maître du Kremlin de restaurer l'influence de la Russie perdue après la dislocation de l'URSS.

Surnommé "Minister Niet" pour ses vétos au Conseil de sécurité de l'ONU, il est partisan de la non-ingérence. Il est convaincu que l'Otan est la source des problèmes entre la Russie et l'Occident.

Sergueï Choïgou, l'ami du président

Le général d'armée Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense depuis 2012, est l'exécuteur des campagnes militaires du président. Les opérations les plus délicates lui ont été confiées, comme l'annexion de la Crimée en 2015, par des soldats sans insigne. Plus tard, il pilotera l'intervention russe en Syrie.

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. ©EPA

Membre permanent du Conseil de sécurité, il est avant tout un ami proche de Poutine, dont il est considéré comme un des "spin doctors" pour avoir contribué à forger son image de "guerrier invincible". Il est aussi le fondateur du parti au pouvoir, Russie unie.

Choïgou s'est employé à bâtir une défense contre l'Otan en modernisant l'armée russe, dont il a fait exploser le budget de 30%, pour atteindre 60 milliards d'euros. Il organise de part et d'autre de la Russie des exercices militaires de grande ampleur, repris dans des vidéos aux vapeurs hollywoodiennes diffusées massivement sur les réseaux sociaux. Sous ses ordres, on retrouve le chef des forces armées Valéri Guérassimov, théoricien de la force de frappe russe, les "Battalion Tactical Groups". Ses opérations dans l'est de l'Ukraine lui valent d'être poursuivi par Kiev pour "formation illégale de groupes militaires".

Diplômé de polytechnique, Choïgou n'est pas issu de l'école du KGB. Âgé de 66 ans, il affiche une longévité record au sein du gouvernement russe où il fut d'abord ministre des Situations urgentes de 1991 à 2012. Il est un des successeurs pressentis du maître du Kremlin.

Alexandre Bortnikov, le patron du FSB

Le général Alexandre Bortnikov dirige depuis 2008 le puissant FSB, les services secrets héritiers du KGB. Âgé de 70 ans, il est de la génération de Poutine et issu, comme lui, de l'école des officiers du KGB. Il est considéré comme un des "faucons" les plus actifs au Kremlin. Il fait partie des "siloviki", ces personnages issus des services secrets ou de l'armée, intégrés dans le cercle présidentiel. Il est la cible de sanctions européennes et américaines suite à la crise ukrainienne.

Le directeur du FSB, Alexandre Bortnikov.
Le directeur du FSB, Alexandre Bortnikov. ©Mikhail Klimentyev/TASS/Sipa USA

Lors du centenaire de la Tcheka, la police secrète bolchevique, Bortnikov légitime la grande purge stalinienne, estimant qu'elle avait "un côté objectif".

Sous sa direction, le FSB, plus qu'un service de renseignements, est devenu un "État profond", une constellation d'agents, dont les ramifications s'étendent à la Russie et aux services secrets des pays sous influence russe, comme la Biélorussie et le Kazakhstan. Une "colonne vertébrale" qui a pris l'ascendant sur les structures démocratiques, et assure le contrôle à Poutine.

Nikolaï Patrouchev, le "faucon" ultra-loyal

Secrétaire du Conseil de sécurité de Russie depuis 2008, Nikolaï Patrouchev est un des "faucons" les plus influents, et les plus loyaux, de l'entourage de Poutine. Âgé de 70 ans, ce "silovik" est considéré comme un dur.

Le secrétaire du Conseil de sécurité de Russie, Nikolaï Patrouchev.
Le secrétaire du Conseil de sécurité de Russie, Nikolaï Patrouchev. ©BELGAIMAGE

Lors d'une interview à l'occasion de l'anniversaire de la Tcheka, Patrouchev a qualifié les agents du FSB de "nouvelle noblesse", une théorie depuis lors répandue. Selon ce maître de la désinformation, les États-Unis préféreraient "que la Russie n'existe pas" et seraient "à l'origine de la révolution ukrainienne". Il est la cible des sanctions européennes et américaines.

Patrouchev a été recruté par le KGB en 1975, la même année que Bortnikov, après l'obtention d'un diplôme d'ingénieur. Il a été formé comme agent de renseignements à l'école du KGB de Minsk, puis à celle de Moscou. Tout comme Bortnikov, il a été actif au KGB de Leningrad. En 1992, après le démembrement de l'URSS, il devient directeur du FSB de la république de Carélie (nord-ouest de la Russie), où il rencontre Poutine. Six ans plus tard, il est nommé à la tête du FSB de Russie, un poste qu'il occupera jusqu'en 2008.

Sergueï Narychkine, le maître des espions

Ancien président de la Douma, Sergueï Narychkine, a été propulsé à la tête des services de renseignements extérieurs (SVR) en 2016. Le SVR, "frère ennemi du FSB", a pour mission d'infiltrer les services des pays étrangers pour acquérir des informations ou mener des opérations. Le FSB, actif en Russie comme à l'étranger, est d'abord chargé de protéger le pays contre les opérations subversives.

Le directeur du SVR, Sergueï Narychkine.
Le directeur du SVR, Sergueï Narychkine. ©BELGAIMAGE

Discret, efficace, très cultivé et loyal, Narychkine fait partie du premier cercle de Poutine. En bon "faucon", il prône la manière forte avec l'Ukraine, ce qui lui vaut de figurer sur la liste des personnes ciblées par les sanctions européennes et américaines.

Ingénieur en électromécanique, il est issu de l'école d'officiers du KGB, comme le président russe et les autres "siloviki" de son entourage. C'est lors de cette formation qu'il aurait rencontré Vladimir Poutine. Parmi ses missions, on note un passage par l'ambassade d'URSS à Bruxelles en 1988. Il a également travaillé à la mairie de Saint-Pétersbourg, où Poutine officiait comme vice-maire.

Dans l'ombre de Poutine

Le président russe compte, dans son cercle rapproché, d'autres personnages très influents. On y trouve plusieurs oligarques, comme son vieil ami Igor Setchine, un des hommes les plus puissants de Russie, à la tête du pétrolier public Rosneft, Roman Abramovitch, le propriétaire du club de football de Chelsea, dont la fortune est estimée à 13 milliards de dollars, Alicher Ousmanov (16 milliards) et Leonid Mikhelson, le PDG du groupe gazier Novatek (28 milliards).

L’oligarque Evgueni Prigojine occupe une place particulière, en tant que propriétaire du groupe de mercenaires Wagner. Il est aussi à la tête de l’Internet Research Agency (IRA), une cellule active dans la désinformation et la propagande.

On retrouve aussi dans l’ombre de Poutine le numéro 2 du Conseil de sécurité, Dmitri Medvedev, ex-premier ministre, marginalisé depuis lors par les "siloviki" qui forment désormais la garde rapprochée du président.

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