À peine racheté, Twitter risque-t-il la faillite?
Après l'avertissement des autorités sur la politique de confidentialité, la débandade des annonceurs et l'hémorragie au sein du personnel cadre, Elon Musk évoque le risque de faillite de Twitter.
"Sauve qui peut". Les médias n'y vont pas par quatre chemins pour décrire la situation actuelle de Twitter . Son nouveau patron, Elon Musk, lui, joue les schizophrènes en lançant, d'une part, une campagne de séduction à l'égard du personnel non licencié et en évoquant, d'autre part, la possibilité d'une faillite alors que l'hémorragie se poursuit au niveau des cadres de l'entreprise et des annonceurs.
"L'avenir est très enthousiasmant, j'ai hâte de le faire arriver avec vous", a-t-il déclaré jeudi dans une réunion interne. Son objectif: motiver les employés non visés par le licenciement massif.
Flux de trésorerie
Mais les amabilités ont visiblement été de courte durée. La menace de la faillite est très vite apparue. Annonçant perdre plus de 4 millions de dollars par jour, notamment à cause de la perte de revenus publicitaires, Elon Musk a reconnu, en effet, qu'il ne savait pas à quel point l'entreprise "manquerait de revenus" l'année prochaine.
"Il est possible que nous soyons en flux de trésorerie déficitaire de plusieurs milliards. S'il y a une récession longue et profonde, il faudra que nous puissions survivre", a-t-il lancé.
Les experts confirment que le rachat à 44 milliards de dollars de Twitter a laissé les finances dans une position précaire. La dette de Twitter s'élève à 13 milliards de dollars. Au cours des 12 prochains mois, près de 1,2 milliard de dollars en paiements d'intérêts sont attendus. Ces paiements dépassent les flux de trésorerie les plus récemment publiés par Twitter, qui s'élevaient à 1,1 milliard de dollars à la fin du mois de juin.
Fuite des annonceurs...
Le nouvel homme fort de Twitter pointe du doigt la débandade du côté des annonceurs. Elle risque de mettre à mal ses ambitions de croissance des revenus des abonnements pour compenser la baisse des revenus publicitaires, entend-on. Le cabinet Insider Intelligence a revu à la baisse de 39% ses prévisions pour les recettes publicitaires de Twitter en 2023 et 2024.
Dans une lettre interne envoyée aux salariés, Elon Musk évoque un chemin laborieux qui nécessitera la présence au bureau de tous "au moins 40 heures par semaine", balayant ainsi d'un revers de main la politique de télétravail.
... et des dirigeants
Il grince aussi des dents face à la vague de départs continue des membres de la direction. Dernier en date, Yoel Roth, décrit dans son profil comme "ancien responsable de la confiance et de la sécurité" au sein de la société. L'homme supervisait la réponse de Twitter pour combattre les discours haineux, la désinformation et les spams.
"Nous suivons les récents développements chez Twitter avec beaucoup d'inquiétude. Aucun directeur général ou entreprise n'est au-dessus de la loi."
Il a emboîté le pas à Lea Kissner, responsable de la sécurité informatique, Damien Kieran, en charge de la protection de la vie privée, et Marianne Fogarty, la responsable de la conformité.
Seule Robin Wheeler, la plus haute responsable des ventes de publicité de l'entreprise, a fait savoir aux salariés qu'elle resterait à son poste, démentant des rumeurs de départ.
Surveillance des autorités
Enfin, Twitter est aussi aux prises avec les autorités. L'agence américaine de la concurrence, la Federal trade commission (FTC), a ainsi émis un rare avertissement, jeudi, contre la plateforme. "Nous suivons les récents développements chez Twitter avec beaucoup d'inquiétude. Aucun directeur général ou entreprise n'est au-dessus de la loi", a déclaré un porte-parole de la FTC.
Il a rappelé que la plateforme risquait des amendes conséquentes si elle ne se conformait pas aux règles d'un accord passé avec l'agence sur la sécurité et la confidentialité des données. En mai dernier, Twitter avait déjà accepté de payer 150 millions de dollars pour mettre un terme aux allégations de la FTC selon lesquelles il aurait utilisé à mauvais escient des informations privées des utilisateurs.
Le souci, c'est que parmi les quelque 3.750 personnes licenciées se trouvaient beaucoup d'employés au fait de cette réglementation.
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