Édito | L'emploi voué à devenir de plus en plus transfrontière
Les cabinets de conseils montrent l'exemple: on va recruter de plus en plus à travers les frontières, par nécessité. Autant s'y préparer dès maintenant.
Il y a vingt ans, il était de bon ton de décrier la pratique qui consistait à aller recruter des centaines d'informaticiens en Inde pour pallier le manque de profils du genre dans les grandes entreprises technologiques sous nos latitudes. Demain, on fera sans doute de même, mais de manière beaucoup plus large, en allant chercher un peu partout dans les pays où ils sont disponibles, les profils qu'on ne trouvera plus en nombre suffisant dans notre marché du travail national.
Du côté des diplômés du supérieur, il s'agira des informaticiens et des diplômés de la tech toujours, mais aussi des matheux, des scientifiques, des ingénieurs (les fameux "STEM"), ainsi que des experts comptables, des juristes, des fiscalistes... Et il n'y aura sans doute plus personne pour critiquer cette évolution.
C'est ce qu'on peut déduire du changement d'approche des recrutements opéré par le cabinet de conseils Deloitte et, dans une moindre mesure, par PwC. Se basant sur l'évolution démographique en cours et prévisible jusqu'en 2030, qui montre que la population des actifs va se resserrer sensiblement dans nos pays, ils ont décidé de compenser désormais le manque de talents disponibles localement en allant puiser dans leur réseau international, dans les pays où les profils recherchés abondent encore.
À l'instar du système qu'ébauchent aujourd'hui Deloitte et PwC, les entreprises du futur géreront peut-être un pay-roll multi-culturel à travers plusieurs pays et continents.
Attention, ce nouveau modèle n'est pas à sens unique. Les autres cabinets du réseau pourront aussi venir piocher chez nous, si d'aventure, nous aurons, nous aussi, des experts dont l'agenda ne sera pas plein. Cela veut dire que nos jeunes feraient bien d'y penser dès maintenant, notamment en prolongeant cette tradition belgo-belge entretenue par de nombreux seniors et qui consiste à maîtriser plusieurs langues. Parce qu'à l'instar du système qu'ébauchent aujourd'hui Deloitte et PwC, les entreprises du futur géreront peut-être un pay-roll multi-culturel à travers plusieurs pays et continents. Les ressources humaines deviendront un business transfrontière.
En attendant l'avènement de ce melting-pot économico-socio-culturel, on se réjouira d'une autre évolution en cours sur le marché du travail: les consultants ne sont plus les seuls à s'en aller chasser les jeunes diplômés sur les campus. Conséquence de la guerre des talents qui fait rage, les autres employeurs s'y mettent aussi. Même les employeurs publics, nous dit-on. Si cela complique la tâche des recruteurs, c'est tant mieux pour nos jeunes qui voient ainsi s'élargir l'horizon de leurs choix de carrière. Et qui seront dès lors davantage tentés d'y sauter à pieds joints.
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