"La plus précieuse des marchandises": la "Schindler’s List" de Michel Hazanavicius

"La plus précieuse des marchandises" est l’adaptation très attendue du conte (pour tout public) publié au Seuil par Jean-Claude Grumberg en 2019, sous le même titre. Nous sommes dans une forêt à l’est de l’Europe, pendant la guerre. Une bûcheronne prie le dieu du train de lui envoyer une «petite marchandise» pour l’aider à passer l’hiver. Quand elle entend un cri, elle s’approche pour trouver… un bébé enveloppé d’un châle. Son mari, le pauvre bûcheron, n’en veut pas: il doit s’agir d’un Sans-cœur, jeté du train par d’autres Sans-cœur. Mais la bûcheronne décide de garder le bébé, et de l’élever…

Un monde de sens

D’origine juive et lituanienne, Michel Hazanavicius («OSS 117», «The Artist», «Coupez!») signe-t-il ici sa «Schindler’s List»? Sans doute… Il utilise tous les bénéfices de l’animation pour nous entraîner dans un monde de symboles et de sens: dessins puissants, voix signifiantes, narration qui vous entraîne au pays de l’enfance dans ce qu’elle a de plus terrible…

Tout cela, bien sûr, au service d’un travail sur les horreurs du passé, sur l’âme humaine, et sur la nécessité de rester sur nos gardes, histoire de ne pas se retrouver ni parmi ceux qui survivent dans la forêt, ni parmi ceux qui ferment les yeux, ni parmi ceux qui – désespérés – doivent se résoudre à emmailloter leurs enfants avant de les lancer par la fenêtre d’un train en marche…